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Le dramatique : 3. Le splendide isolement

Constat du quotidien Le Monde : « Ce que montre surtout la nouvelle donne du Maghreb, c’est l’isolement aujourd’hui, sur la scène internationale, de l’Algérie. »

Toujours le même discours aveugle : selon le premier Ministre algérien le 31 mars 2011 à la télévision algérienne l’Algérie ne connait pas de crise politique à l’instar du monde arabe. Il y a quelque temps, on nous disait que l’Algérie avait construit le socialisme spécifique puis une économie de marché spécifique. N’avons nous pas entendu presque tout le gouvernement affirmer que l’Algérie n’était pas pas concernée par la crise économique d’octobre 2008 qui secouait le monde ?

L’Algérie versant dans l’attentisme serait-il alors le seul pays en Afrique du Nord à faire l’exception alors que des transitions sont annoncées ou qui suivront en Tunisie, l’Egypte, la Mauritanie le Yemen , le Bahreïn ,
la Lybie , la Syrie , des pays comme le Maroc qui annonce une monarchie constitutionnelle et certainement bon nombre d’autres pays arabes encore que se pose cette question si elles seront effectives ou avortées, tout dépendant des rapports de forces internes et externes ?

Partout dans le monde arabe monte aujourd’hui la revendication d’une architecture constitutionnelle basée sur la prédominance du pouvoir parlementaire. L’ère des Rais qui deviennent des dictateurs paraît bien
terminée. Celle des rois omnipotents est à son crépuscule. L’Algérie de Abdelaziz Bouteflika ne se projette dans aucune de ces cases. C’est tout le sens de l’isolement autocratique qui se dessine.

Les observateurs sont catégoriques : l’Algérie va vers un isolement sans précédent. Faisant ses adieux en quittant son poste le 24 mars, l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, David Pierce, a averti : « L’Algérie n’est pas immunisée contre les changements. » Le quotidien Le Monde, lui, écrit : « Cernée sur sa droite comme sur sa gauche par des mouvements importants, l’Algérie voit donc augmenter le péril qu’il y aurait pour elle à rester immobile. » D’où la levée de l’Etat d’urgence qui était appliqué depuis dix-huit ans ; d’où, aussi, la résurrection d’un vieux débat autour d’une Constituante. Mais ce que montre surtout la nouvelle donne du Maghreb, c’est l’isolement aujourd’hui, sur la scène internationale, de l’Algérie. »

Le Maroc va accélérer l’isolement de l’Algérie. L’annonce par le roi du Maroc Mohamed VI d’une réforme globale de la constitution qui octroiera plus de pouvoirs au parlement et au Premier ministre a donné un terrible coup de vieux à la levée de l’état d’urgence en Algérie. C’est subitement – après la révolution démocratique en Tunisie et en Egypte et l’insurrection libyenne contre la dictature de Kadhafi – le pouvoir politique algérien qui paraît le plus menacé de dissonance dans un Maghreb en marche vers les libertés.

La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a illustré cela le 23 mars à Washington en qualifiant, aux côtés du ministre des affaires étrangères marocain Taib Fassi Fihri, le plan marocain de « sérieux, réaliste et crédible ». L’Algérie, qui soutient le référendum d’autodétermination du Front Polisario, a ressenti ce propos de Mme Clinton comme un camouflet. Annexé en 1975, le Sahara occidental est au coeur du conflit entre l’Algérie et le Maroc dont la frontière terrestre est toujours fermée.

La réaction d’anticipation de Mohamed VI face à la montée de la revendication pour le changement au Maroc l’oblige à revoir sa copie en Algérie.

Le président Bouteflika a objectivement intérêt à ce que la révision constitutionnelle marocaine soit un coup d’épée dans l’eau. Qu’elle ne retire pas au palais son rôle tutélaire sur la vie institutionnelle au Maroc.
Mais la réalité est qu’il ne peut pas se permettre d’en attendre l’issue, dans quelques mois, pour en tirerbénéfice et jouer, une fois de plus, la montre. C’est sans doute pour cela que son sherpa politique, bdelaziz Belkhadem, évoque à nouveau une possible révision de la constitution en précisant que le président Bouteflika souhaitait la réaliser de manière globale en 2008 mais a dû se contenter d’une révision limitée.
L’ancien chef du gouvernement oublie de dire que le but de la révision de 2008 était, outre de faire sauter la limitation des mandats, de renforcer encore plus le pouvoir présidentiel.

Moins d’investissements

Avec des flux nets d’IDE de 3,3 milliards d’euros en 2009 contre 2 milliards une année auparavant, le Maroc devient la première destination des investisseurs étrangers au Maghreb, aux dépens de la Libye. « Le royaume
chérifien a récolté les fruits de sa politique industrielle très volontariste », indique le rapport publié fin mai dans le cadre du programme Invest in Med, financé aux trois quarts par l’Union européenne sur la période 2008-2011. Ce volontarisme industriel s’est notamment matérialisé par la mobilisation de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) dans des joint-ventures pour la mise en œuvre de projets stratégiques comme l’usine
Renault de Tanger Med, la zone franche de Kenitra, lancée par le logisticien espagnol Edonia World, ou encore le complexe touristique de Chibka, aux côtés de l’Egyptien Orascom. Les plus gros projets annoncés au Maroc en 2009 concernent essentiellement les secteurs de la métallurgie, de l’énergie, de l’automobile, des télécoms, de la banque et du tourisme.

A la différence du Maroc et de la Tunisie, l’Algérie et la Libye ont durci ces dernières années leurs conditions d’accueil des IDE, en donnant la préférence aux entreprises nationales dans les appels d’offres internationaux ou encore en obligeant les investisseurs étrangers à s’associer à des partenaires locaux à hauteur de 51% du capital. Cette préférence nationale a fini par décourager les porteurs de projets étrangers qui misaient sur l’énorme potentiel de ces deux pays pétroliers. Malgré les performances relativement bonnes du secteur de l’énergie, l’Algérie n’a attiré que 805 millions d’euros d’investissements étrangers en 2010 contre 3,07 milliards une année auparavant.

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