Archives de la catégorie ‘Uncategorized’


La Banque d’Algérie face à une crise rampante du dinar.


pour un grand Maghreb Libre et Démocratique.

risques de pératage

Publié: 14 avril 2011 dans Uncategorized

soyons vigilants aux risques de piratage !! veuillez modifier vos mots de passes systématiquement


vigilant !!

Difficile annonce que celle de ce jour: Automattic a subi une incursion de bas niveau (root) sur plusieurs de ses serveurs, et tout ce qui se trouve sur ces serveurs a potentiellement été révélé. Nous avons consciencieusement passé en revue les journaux du système de cette incursion, pour déterminer l'étendue des informations exposées et avons re-sécurisé les voies utilisées pour obtenir ces accès. Nous présumons que nos codes sources ont été exp … Read More

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Etat des libertés en Algérie
Sévères critiques du département US

Les libertés civiles et les espaces d’expression s’amenuisent comme peau de chagrin en Algérie. Dans son rapport «Human Rights Report 2010», le département d’Etat américain dresse, dans 36 pages, un portrait peu reluisant du respect fait par les autorités algériennes des droits fondamentaux des citoyens.

«La Constitution garantit la liberté de rassemblement et d’association ; toutefois, dans la pratique, le gouvernement restreint sévèrement l’exercice de ces droits», déplore Washington. Le constat établi par la diplomatie américaine est d’ailleurs d’actualité : ces restrictions ont considérablement affaibli les activités des partis politiques et, par la même, la capacité des citoyens à changer le gouvernement de manière pacifique à travers des élections ou autre. Ces entraves sont possibles de par l’état d’urgence, encore en vigueur en 2010, ainsi que par «un décret entré en vigueur en 2000», interdisant les manifestations à Alger. De même, des autorisations de rassemblement sont exigées avant la tenue de réunions publiques. «Ces permis sont rarement accordés par les autorités locales aux partis politiques, ONG et autres associations et, lorsqu’ils le sont, ils sont transmis à la veille de l’événement.

Ce qui réduit l’impact d’annonce et de sensibilisation», peut-on lire dans le document. Le rapport, qui s’appuie sur divers témoignages d’incidents ayant égrené l’année écoulée, cite les répressions dont ont eu à souffrir, entre autres, la LADDH, SOS Disparus, le Snapap, les journalistes grévistes de la Radio, les enseignants contractuels ou encore des partis politiques. Pour ce qui est de la liberté d’association, le département d’Etat US déplore le fait qu’il revienne à l’appréciation du ministère de l’Intérieur seul l’agrément d’un quelconque nouveau parti ou ONG. «Le gouvernement bloque l’enregistrement de certaines ONG, associations et partis politiques pour des raisons de sécurité. Cependant, il refuse systématiquement de fournir la preuve ou la justification légale qui ont conduit au refus d’enregistrement d’organisations qui ne représentent pas une menace pour la sécurité», est-il estimé dans le document.

Arsenal juridique pour museler la presse

Et les dérives autocrates ne s’arrêtent pas là. Les entraves à la liberté d’expression et le musellement de la presse ont ainsi persisté en 2010. «Généralement, les Algériens pouvaient, en privé, être très critiques envers le gouvernement, et ce, sans représailles. Seulement, les citoyens s’autocensurent dès lors qu’il s’agit de le faire en public. Les autorités veillent ainsi à empêcher toute opinion contradictoire en contrôlant étroitement les meetings politiques», analyse le département d’Etat. Pour ce qui est des médias, le pouvoir s’est doté de tout un arsenal juridique, qui lui permet d’intimider, de censurer, de harceler, d’infliger des amendes et d’emprisonner quiconque émettrait des propos opposés aux discours officiels. Le département d’Etat n’est d’ailleurs pas à court d’exemples pour illustrer cet acharnement contre la presse indépendante.

Riad K., le correspondant d’El Bilad à Chlef, Hafnaoui Ghoul, Omar Belhouchet, Chawki Amari, Salima Tlemçani, Anis Rahmani, entre autres, continuent à être les cibles de l’appareil répressif instauré par l’Etat afin de faire taire les voix discordantes, et ce en sus des pressions exercées par le gouvernement via la manne publicitaire de l’ANEP distribuée en fonction des orientations éditoriales des organes de presse. Les médias lourds, télévision et radios, sont toujours étatiques et assurent une couverture des événements et de l’actualité des plus favorables au gouvernement. Hors périodes électorales, les partis d’opposition n’ont aucun accès à ces médias. «Plusieurs partis ont affirmé que le temps d’apparition qui leur était imparti dans ces organes au cours de la campagne électorale de 2009 était la première fois qu’ils étaient autorisés à y avoir accès», est-il relaté dans le document.

Ghania Lassal
http://www.elwatan.com<a

Démocratie participative

Publié: 27 mars 2011 dans Uncategorized

Démocratie participative

Définition de la démocratie participative

Etymologie : du grec dêmos, peuple, et kratos, pouvoir, autorité et du latin participatio, participer.

La démocratie participative désigne l’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d’augmenter l’implication des citoyens dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans les prises de décision.

Elle trouve son fondement dans les lacunes de la démocratie représentative :

  • parlement non représentatif de la diversité de la société,
  • éloignement des élus du terrain et de la réalité quotidienne,
  • sentiment pour les citoyens de ne pas être compris des politiciens,
  • méfiance envers les hommes politiques,
  • faiblesse des contre-pouvoirs,
  • augmentation de l’abstention

La démocratie participative s’inspire des concepts qui ont été mis en place à partir des années 1960 dans les nombreuses entreprises afin d’améliorer l’organisation des postes de travail (management participatif).

Par rapport à la démocratie représentative et à la démocratie directe, la démocratie participative se présente comme un système mixte dans lequel le peuple délègue son pouvoir à des représentants qui proposent et votent des lois, mais conserve cependant le pouvoir de se saisir lui-même de certaines questions.

Les caractéristiques d’une démocratie participative sont :

  • l’extension du droit de vote et de sa fréquence, assortie de l’initiative législative (ex : via des pétitions);
  • la concertation dynamique, sous forme de débats libres, relative à des décisions aussi bien à échelle locale que nationale (exemple : Comités Consultatifs, Conseils de Quartiers…);
  • la mise en place d’un système organisé qui garantit que toutes les idées constructives et nouvelles des citoyens seront examinées de manière efficace.

Un système de démocratie participative sera d’autant plus pérenne que toutes les mesures décidées sont acceptables par la grande majorité des personnes concernées et vont dans le sens du « bien commun ».

Les critiques faites à la démocratie participative portent principalement sur :

  • la notion de démocratie participative qui n’est souvent qu’un simple discours rhétorique, sans réalité concrète, elle est parfois associée au populisme,
  • la représentativité des citoyens participants aux débats,
  • le rôle des conseils et comités qui se limite souvent à l’aspect « consultation », oubliant l’aspect « échanges entre acteurs »,
  • la difficulté de savoir si les avis exprimés sont basés sur des considérations objectives ou sur la défense d’intérêts personnels;
  • la difficulté de vérifier la véracité des informations ayant servi à l’argumentation.

 

>>> Terme connexe : Démocratie

>>> Terme connexe : Démocratie directe

>>> Terme connexe : Démocratie représentative

>>> Terme connexe : Participation

Démocratie

Publié: 27 mars 2011 dans Uncategorized

Démocratie

Définition de la démocratie

Etymologie : du grec dêmos, peuple, et kratos, pouvoir, autorité.

La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de souveraineté), sans qu’il y ait de distinctions dues la naissance, la richesse, la compétence… (principe d’égalité). En règle générale, les démocraties sont indirectes ou représentatives, le pouvoir s’exerçant par l’intermédiaire de représentants désignés lors d’élections au suffrage universel.

Les autres principes et fondements de la démocratie :

La démocratie s’oppose aux autres régimes politiques que sont :

On parle de démocratie économique ou sociale lorsque les droits sociaux, au logement, au travail, à l’éducation… sont garantis.

>>> Terme connexe : Centralisme démocratique

>>> Terme connexe : Démocratie antique

>>> Terme connexe : Démocratie chrétienne

>>> Terme connexe : Démocratie d’opinion

>>> Terme connexe : Démocratie directe

>>> Terme connexe : Démocratie indirecte

>>> Terme connexe : Démocratie libérale

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>>> Terme connexe : Démocratie populaire

>>> Terme connexe : Démocratie représentative

>>> Terme connexe : Démocratie semi directe

>>> Terme connexe : Démocrature

>>> Terme connexe : Postdémocratie

>>> Terme connexe : République

>>> Terme connexe : Souverainté

>>> Bibliographie : Démocratie

>>> Article : La démocratie reste à conquérir ! Mode de scrutin, médias, Europe…

>>> Article : Démocratie ethnique ou démocratie égalitaire ? Racisme ou lutte des classes ?

>>> Article : La morale en politique. Au-dessus de la démocratie et de la souveraineté du peuple…

>>> Article : La République, une nécessité pour la démocratie. Synthèse d’un chapitre de l’ouvrage collectif « Mémento du Républicain » (Ed. Mille et unes nuits, 2006)

>>> Article : Postdémocratie : La remise en cause sournoise de la démocratie

>>> Article : Le « Oui » irlandais au Traité de Lisbonne : Une conception pour le moins originale de la démocratie

>>> Article : Politique et démocratie. Propositions pour une refonte des institutions.

>>> Article : Une définition simple et opératoire de la démocratie proposée par un internaute.

>>> Citations sur la démocratie


Djamel Zenati : «Pourquoi pas un congrès de l’opposition ?»

Djamel Zenati, comme à son hainfatigable militant  bitude n’y va pas par quatre chemins pour maintenir que ce pouvoir ne peut être vaincu que par une opposition unie, donc forte. D’où, pour lui l’urgence de la création d’un congrès de l’opposition. «C’est une nécessité, dit-il, car la forte disposition de la population risque de se perdre dans la mauvaise image que renvoient la dispersion et les tiraillements des forces politiques.»

A propos de la décision de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie de recourir à des marches cycliques, chaque samedi à Alger, Djamel Zenati trouve que «ce n’est pas une mauvaise idée» mais qu’«il est nécessaire d’envisager des actions collectives d’appui aux
samedis de l’espoir». «Le 12 a été le samedi du défi, ajoute-t-il, le 19 celui de la détermination et ainsi de suite jusqu’au samedi du départ. Ces samedis de l’espoir, chacun avec son contenu, pèseront tellement lourd sur la dictature qu’elle se démystifiera d’elle-même».

– La Coordination nationale pour le changement et la démocratie a opté pour des marches cycliques à Alger. Cette méthode ne risque-t-elle pas d’user le mouvement de contestation, de disperser ses énergies ?

Ce n’est pas une mauvaise idée dans la mesure où cela permettra d’exercer une pression permanente sur le pouvoir. Le 12 a été le samedi du défi, le 19 celui de la détermination et ainsi de suite jusqu’au samedi du départ. Ces samedis de l’espoir, chacun avec son contenu, pèseront tellement lourdement sur la dictature qu’elle se démystifiera d’elle-même. Il est vrai que le risque de l’usure et de la dispersion est réel. Pour que chaque samedi nous rapproche du samedi du départ, il est nécessaire d’envisager des actions collectives d’appui aux samedis de l’espoir. Il faut coûte que coûte maintenir le contact avec la population car les grands bouleversements historiques se produisent quand des idées rencontrent un large écho dans l’opinion. Il y a un aspect qui doit en urgence être pensé et investi : c’est celui de la communication. La machine de propagande du pouvoir et de ses relais doit être démystifiée et ses effets neutralisés en temps réel.

– Quelles devraient être, d’après vous, les moyens de lutte à mettre en œuvre pour assurer une adhésion maximale ? Une occupation permanente de l’espace public, comme sur la place Tahrir ? Une grève générale ? Ou la désobéissance civile ?

Il n’y a pas de voie royale ou de recette toute faite en matière de combat politique. C’est sur le terrain des luttes concrètes que se détermine le sort d’une mobilisation.

Plus la dynamique est partagée et plus le génie populaire révèle des capacités insoupçonnées à esquisser des projections et à tracer des perspectives. Le citoyen en mouvement agit alors à la manière du sculpteur qui travaille sa pièce avec dextérité et amour. Les grandes œuvres sont souvent le produit de tâtonnements successifs. Mais tout cela ne dispense pas les acteurs politiques du travail de réflexion et de construction.

Regrouper l’ensemble de l’opposition est une nécessité car la forte disposition de la population risque de se perdre dans la mauvaise image que renvoient la dispersion et les tiraillements des forces politiques. Il faut rapidement amorcer un débat sérieux et serein et cesser de s’invectiver par médias interposés. Il faut solder les querelles du passé tout en évitant de sombrer dans l’oubli. Pourquoi pas un congrès de l’opposition ? En plus de l’impératif de l’élargissement, il y a lieu de régler la question liée aux garanties que doivent se donner les acteurs politiques les uns les autres. Nous n’avons pas une grande tradition ni un sens profond de la relation contractuelle. Les infidélités et les trahisons qui ont jalonné notre histoire ancienne et récente ont fait naître en nous un instinct de suspicion et de méfiance qui empêche souvent les convergences. Il est légitime de faire preuve de vigilance, mais pas au point de voir l’ombre du DRS derrière chaque frémissement de la société. La paranoïa est une attitude paralysante qui cultive l’impuissance. Le citoyen attend qu’on l’oriente, qu’on le responsabilise, qu’on le libère de la léthargie actuelle. Il faut appeler à la constitution de comités pour le changement partout dans le pays et mettre à leur disposition les outils dont ils auront besoin dans leur lutte quotidienne. Il est de la responsabilité de chacun de mener un travail pédagogique d’explication des enjeux.

– Beaucoup d’observateurs pointent du doigt la frilosité et le manque de radicalité qui imprègnent la démarche de la CNCD. Un coup on y va, un coup on n’y va pas : cette posture n’est-elle pas en déphasage par rapport à la revendication du mouvement de contestation, à savoir le «départ de tout le système» ?

Vous avez raison, mais j’ose croire que cela est dû au tâtonnement plus qu’à un choix politique délibéré. C’est le début de quelque chose et il faut du temps pour que cette dynamique trouve ses marques. Il est tout à fait normal que les sigles qui la composent se mettent en avant. Mais plus la mobilisation sera forte et plus se produira un dépassement des structures classiques qui fera subir à la contestation un saut qualitatif et rendra irréversible l’avènement d’un changement dans le sens voulu par les citoyens.

– Une des critiques qu’a essuyé récemment la CNCD de la part notamment des partis d’extrême gauche, des syndicats autonomes, c’est de n’avoir pas su articuler les questions des libertés démocratiques et les questions sociales. Partagez-vous ce constat ? Pourquoi est-ce si important d’inclure les questions inhérentes à la justice sociale, à l’emploi, à la redistribution équitable des richesses nationales, etc. dans la plateforme de revendications ?

Je partage cette critique avec les syndicats autonomes. Les questions sociales sont des éminemment politiques.
Est-il besoin de rappeler que la situation dramatique que vit notre pays est le résultat de choix politiques délibérés d’un pouvoir qui ne reconnaît pas le principe de la souveraineté populaire ni ne se soumet à quelque contrôle ? Il ne fait pas de doute que la dynamique de remise en cause du système est condamnée à mettre les préoccupations concrètes des citoyens au centre de ses exigences et réfléchir d’ores et déjà à des formalisations qui puissent imprimer à notre future démocratie une forte dimension sociale. Toute l’histoire de l’Algérie a été et demeure celle de l’affrontement, souvent violent, entre domination et libération selon des modalités spécifiques à chaque séquence historique. Les valeurs de justice, d’égalité et de solidarité constituent le fondement même de notre univers civilisationnel et spirituel.

S’agissant de l’extrême gauche – je parle du PT – elle s’est placée sur le terrain de la guerre idéologique et n’utilise la question sociale qu’à titre accessoire et de façon instrumentale. Etant sincèrement démocrate, je conçois parfaitement que l’on soit en désaccord sur une analyse, une position ou encore une action. Ce qui par contre est inacceptable c’est quand les divergences empruntent les canaux de la diversion, du mensonge et de l’invective. En décrétant que la marche du 12 est celle des archs et en accusant les organisateurs d’être à la solde de l’Union européenne, notre lambertiste use d’une technique idéologique de dissuasion chère aux dictatures des années 1970 et qui consiste à brandir le spectre de l’ennemi intérieur et extérieur.

Quant au  clivage gauche/droite, je crois qu’il n’a pas grande pertinence dans un système dont la fonction n’est pas d’organiser la compétition politique selon les règles démocratiques, mais de garantir la domination d’une caste de brigands sur toute la société. La priorité est avant tout d’arracher le droit à la libre expression dans toutes ses dimensions. Pour être de gauche ou de droite, il faut d’abord être. Mais l’ancienne militante acharnée de la révolution internationaliste a apparemment revu très à la baisse ses ambitions pour se contenter du triste rôle de baromètre de la République.

– Revenons à la marche avortée du 12 février dernier à Alger. Le régime et sa presse parlent d’un échec cuisant. A propos des initiateurs de cette marche, Mourad Medelci, le ministre des AE, les désigne comme étant l’émanation de «mouvements minoritaires» dans la société. Comment avez-vous vécu et analysé cette marche ? Vous, avez-vous trouvé matière à satisfaction ou est-ce le désenchantement ?

N’eut été le dispositif sécuritaire impressionnant mis en place pour empêcher les citoyens de s’exprimer, la mobilisation aurait connu une ampleur sans précédent. Le ministre des Affaires étrangères est libre de se complaire dans une attitude étrangère à la réalité du pays. La marche du 12 a eu le grand mérite d’avoir débusqué le pouvoir et étalé au grand jour sa nature autoritaire.

Il est vain de faire croire au citoyen que cette hypertrophie du corps de la police est là pour garantir la sécurité des biens et des personnes. Jamais le banditisme, la délinquance et la corruption n’ont atteint un seuil aussi élevé. La vérité est que la nomination de Zerhouni à la tête de l’Intérieur répondait au souci de constituer, d’une part, un contrepoids face à l’armée et, d’autre part, de mettre en place un organe efficace de contrôle social. Il serait intéressant de mesurer l’évolution qu’a connu ce secteur depuis 1999.

Lorsqu’un pouvoir privilégie les institutions de répression au détriment de celles qui dispensent le savoir, il ne fait qu’inscrire le pays dans une dépendance structurelle très préjudiciable pour l’avenir de nos enfants. Cet acharnement à vouloir garder le pouvoir a privé nos gouvernants de toute vision stratégique. L’Algérie est à la merci de la plus petite fluctuation des cours mondiaux du pétrole et autres produits alimentaires.

Nombre de militants démocratiques disent ne pas comprendre la position «passive» du FFS. L’actuelle direction du parti semble avoir complètement déserté le terrain de la lutte et renoncé au rôle historique de figure de proue de l’opposition démocratique que fut celui du FFS depuis sa création. Partagez-vous ce sentiment ? Quelles seraient, d’après vous, les raisons objectives (ou subjectives) qui empêchent le FFS de jouer un rôle-clé dans cette phase charnière dans le processus de transformation de la société algérienne ?
Je me suis déjà exprimé sur cette question et n’attendez pas de moi que je m’en prenne au FFS ou que je m’exprime à sa place. Je demeure convaincu que sa place est d’être à l’avant-garde de cette mobilisation. Il a peut-être choisi un autre mode d’action. Ce qui est, à mon sens, important c’est de favoriser les convergences. A ce propos, j’ai grand espoir que les lignes bougent.

– Dernière question : le come-back de Djamel Zenati est-il pour bientôt ?

Je vous assure que je ne cherche rien d’autre qu’apporter une modeste contribution à la construction de l’alternative démocratique en Algérie. Ceux qui me connaissent bien savent la répulsion que j’ai pour tout ce qui relève du spectacle et de l’honorifique.

Je suis un pur produit du mouvement de masse et, comme tel, je suis étranger à la culture des appareils et de l’intrigue. Je suis très attaché aux principes et j’ai horreur de l’opportunisme et du paraître.

 

* Djamel Zenati est un Ancien député du FFS et directeur de campagne présidentielle de Hocine Aït Ahmed (1999)

 


Hommage a  Jean-Jacques De Felice

Les Algériennes et Algériens viennent de perdre en Jean-Jacques De Felice un ami très cher, un allié de toujours, d’hier et d’aujourd’hui, et un témoin vigilant et incorruptible.

Je présente mes condoléances les plus attristées et amicales à sa famille, ses amis et aux dirigeants et militants de la Ligue des Droits de l’Homme.

Jean-Jacques fait partie des Françaises et Français qui ont soutenu les longues luttes d’émancipations politiques et sociales depuis la fin de la première guerre mondiale … et auxquels j’exprime mes hommages les plus profonds.

Permettez-moi d’évoquer la mémoire Claude Bourdet, figure emblématique de la résistance française et d’une gauche sincère et conséquente. Sa solidarité anticoloniale reste marquée par l’enquête réquisitoire qu’il avait publiée sur la généralisation de la torture en Algérie, au lendemain de la terrible répression militaro-policière à Sétif et Guelma … sous le titre « Existe-t-il une gestapo en Algérie ? « .

Par ailleurs, sans oublier son texte sur le poids politico-médiatique « des lobbies de la grosse colonisation en Afrique du Nord » et leurs complots permanents pour torpiller les projets de réformes gouvernementaux si minimes soient ils, et ainsi empêcher toute évolution graduelle et pacifique des pays maghrébins vers leur indépendance. Il introduira et soutiendra le mouvement nationaliste dans les conférences de solidarité anti-coloniale. Une manière de rendre ses dirigeants conscients de la nécessité de faire jouer les courants de solidarité pour soutenir le mouvement national algérien. Le député MRP, libéral de droite Fonlup Espéraber, il s’est illustré par des campagnes de dénonciation du nouveau gouverneur Naegelen, responsable de falsifications électorales, il lui a collé « les Elections à l’Algérienne » comme une tunique de Nessus fabriquées par l’usage massif des fraudes et des répressions sanglantes.

Pratiques, d’ailleurs, hélas ! Toujours et encore en honneur aujourd’hui, depuis la confiscation de l’indépendance et du droit à l’autodétermination des Algériennes et des Algériens par une interminable gouvernance crypto-stalinienne.

De nombreuses figures anticoloniales : journalistes, avocats, démocrates de gauche et de droite militants politiques pour ne citer que Robert Barra, Germaine Tillon, Pierre Bourdieu, Jean-Paul Vernant, Jean Lacouture, Pierre Vidal-Naquet qui recevront de plein fouet la tragédie de la guerre de reconquête ; ils affronteront les terribles épreuves de la guerre coloniale en dénonçant les dérives totalitaires des répressions policières et des opérations militaires. Peu nombreux, certes, mais ils refusaient que l’Etat français se déshonore en torturant et tuant femmes et hommes qui combattaient pour leur liberté nationale et le respect des droits humains.

C’est exactement pour les mêmes valeurs que Me Jean-Jacques De Felice s’est engagé pour assurer la défense des compatriotes algériens livrés aux répressions sauvages, au règne de la responsabilité collective et de l’illégalité. Grâce à son courage et ses convictions morales et politiques, il a défié les pressions fascisantes qui pesaient sur les avocats.

L’assassinat de Me Ould Aoudia ayant été un avertissement contre les défenseurs de « terroristes ».

C’est exactement pour les mêmes idéaux démocratiques et des droits de l’homme que Jean-Jacques, après l’accession de l’Algérie à l’indépendance, ne s’en sera pas tenu à la solidarité anti-coloniale.

Il ira plus loin par delà une solidarité anti-coloniale, sans dérobade ni complexe. L’engagé d’hier ne se désengagera pas dans son soutien aux forces de la modernité et de l’Etat de droit. Il ne fera pas l’impasse sur les dérives catastrophiques des putschistes, accomplies au nom de la  » révolution » dans le style rétrograde des nationalismes fascisants et staliniens du 20ème siècle.

Face à la sale guerre, il n’a jamais cédé à l’indifférence, à la légèreté laïciste, et aux campagnes de manipulations et de désinformation qui ont banalisé et crédibilisé les thèses les plus saugrenues de la junte militaro-policière…jusqu’à faire croire aux fictions du suffrage universel, voire à l’existence d’une constitution légitime. Depuis qu’au lendemain du referendum d’auto-determination une clique miltaro-policière imposa à l’Assemblée Nationale Constituante une constituante trafiquée dans un cinéma. en 1962.

Jean-Jacques n’était pas dupe, il évoquait devant moi comment le FIS devait être perdant aux vraies premières élections législatives qui devaient avoir lieu en juin1991, la loi électorale et le découpage des circonspections ayant été préparés, sans par Mouloud Hamrouche, le 1er ministre qui avait ouvert le pays à la démocratie. Il savait donc la déroute assurée des radicaux islamistes, autrement dit, une solution démocratique par excellence et au surplus sans effusion de sang. Or, le 5 juin 1991, les panzers de l’armée occupent la capitale et le chef du gouvernement sera limogé. Le Cabiner Noir fera alors passer le FIS à la 2ème élection législative. Episode idéal visant à justifier le coup d’Etat militaire du 11 janvier 1992 qui devait enterrer définitivement l’ouverture démocratique. C’est à ce moment que le frère De Felice a percé la tragédie algérienne piégée par les mensonges et les manipulations dignes des systèmes totalitaires.

Ce faisant, a-t-il rompu ainsi avec un consensus de complicités occidentales, confortables et sans gloire, pour renouer avec cette solidarité qui ne nous a jamais fait défaut dans les pires moments. Comme pendant les années de braise, ils ne pouvaient mettre en balance, d’un côté les souffrances et la détresse d’un peuple qui se voit dépouillé de ses idéaux et d’une résistance très chère payée et de l’autre des groupes d’imposteurs qui ont confisqué son droit à la paix à une vie digne et heureuse.

Vos attitudes Jean-Jacques étaient tout sauf banales. Elles nous ont été incroyablement précieuses pendant notre résistance à la dictature. Tous ceux et celles qui refusent d’être dupes ont contribué à empêcher que les 200 000 morts de la décennie 90 soient engloutis dans cette indifférence généralisée qui fait de l’Algérie un pays à part, une sorte de trou noir où les valeurs universelles n’ont plus court, une Omerta à l’exemple de celle qui, dans les années 1930, avait été complice de la destruction de le république espagnole.

Vous restiez toujours disponible pour faire en sorte que le peuple français ne méprenne pas sur les enjeux réels d’un pouvoir mu par une obsession : que la France continue à cautionner une politique d’oppression et de régression afin d’empêcher toute solidarité avec celles et ceux qui, en Algérie, n’ont pas renoncé.

Merci Jean-Jacques d’être resté VOUS.

Le 28-11- 2008

Hocine Ait-Ahmed

 

 


Mondialisation et résistances sociales au Maghreb

Mohamed Tahar Bensaada, Oumma.com, 14 janvier 2011

Les émeutes sociales qui font la une de l’actualité maghrébine en Tunisie et en Algérie révèlent au grand jour le grand décalage entre les attentes populaires en matière de politique sociale d’une part et les modèles de développement économique imposés par les pouvoirs en place dans la région de l’autre. Si le mode d’insertion à l’économie internationale reste marqué essentiellement par la dépendance des bourgeoisies locales à l’égard du centre du capitalisme mondial, les formes varient d’un pays à l’autre et posent des problèmes structurels différents par-delà la similitude des conséquences sociales vécues par les populations défavorisées.

La crise du modèle tunisien

Le fait que les émeutes aient commencé en Tunisie est à lui seul instructif. Il ne s’agit pas de n’importe quel modèle de développement dans la région. Il s’agit du « meilleur » modèle si on s’en tient aux critères des institutions économiques et financières qui régentent le capitalisme mondial. Sous la protection d’un Etat policier particulièrement répressif, le pays s’est taillé une part non négligeable dans la division régionale et internationale du travail. Des salaires relativement bas assurent un véritable dopage social et encouragent l’investissement direct étranger.

Le développement d’une industrie locale de substitution aux importations (ISI), grâce aux facilités administratives d’un Etat devenu entremetteur au service du capital étranger, assure l’enrichissement d’une bourgeoisie « nationale » sous-traitante au service des multinationales et la consolidation d’une bureaucratie civile et policière corrompue qui constitue la base sociale du régime. Ces options économiques sont présentées dans un pays pauvre en matières premières comme le prix à payer pour assurer l’emploi et le développement d’un pays qui ne peut compter autrement que sur la manne touristique.

Mais la dépendance économique a son revers de la médaille. Dès le retournement de la conjoncture économique internationale de 2009, la Tunisie s’est trouvé piégée par un modèle artificiel avec toutes les conséquences néfastes sur l’emploi et le revenu intérieur. Jusqu’ici, les émeutes et les manifestations populaires pointent du doigt les conséquences sociales d’un modèle de développement (chômage des jeunes, cherté de la vie, absence d’infrastructures et de projets économiques dans les régions du centre et de l’ouest du pays…) mais tôt ou tard, le mouvement social sera appelé à remettre en question un modèle fondé sur la dépendance et le développement inégal. Cette remise en question ne saurait éluder plus longtemps la question de la mondialisation qui, contrairement aux discours dominants du FMI et de la Banque mondiale, n’a fait qu’engendrer plus de dépendance et de sous-développement sans les effets d’entraînement technologique supposés.

Mais dans un pays politiquement verrouillé, les perspectives à court terme ne sont pas des plus optimistes : à l’ombre de l’autoritarisme musclé du régime, les forces qui surfent sur la vague du populisme religieux attendent leur heure. L’empire américain ne saurait rester indifférent aux évolutions d’une région en contact direct avec le Moyen Orient. Par-delà les discours idéologiques servis ici et là, les enjeux géopolitiques primeront sur tout le reste. Peu importe la couleur idéologique du changement escompté, pourvu qu’elle assure la stabilité et la pérennité des intérêts de l’empire dans la région. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la dernière réaction américaine en date, à savoir la convocation de l’ambassadeur tunisien par le Département d’Etat pour lui signifier les préoccupations de Washington quant à l’exigence du « respect des libertés individuelles » et à l’accès au Net.

Paradoxalement, la crise du modèle tunisien est apparue au grand jour au moment où fortes de la caution intéressée des institutions économiques et financières internationales, des voix libérales pseudo-modernistes en Algérie n’hésitent pas à chanter les bienfaits du modèle tunisien. On connaît la chanson : un pays sans pétrole ni gaz qui réussit des performances économiques enviables et qui commence de ce fait à attirer les investissements d’entrepreneurs algériens fuyant la « bureaucratie » et des touristes algériens cherchant le « farniente » à moindre prix !

La crise du modèle algérien

Si en apparence, les mêmes causes produisent les mêmes effets, les émeutes sociales qui ont éclaté en Algérie révèlent néanmoins des enjeux sociaux et politiques plus complexes. Comme en Tunisie, les émeutes sociales sont un révélateur politique sérieux : en l’absence de canaux sociaux et institutionnels démocratiques, il ne reste que la rue comme mode d’expression de la révolte sociale. On peut déplorer les violences et les atteintes aux biens et aux personnes mais la responsabilité première incombe au gouvernement qui a fait des autres canaux politiques et syndicaux des chambres d’enregistrement et d’exécution des demandes du pouvoir et les a ainsi transformés en coquilles vides sans crédibilité ni influence sur la population.

Comme en Tunisie, il s’agit de la faillite d’un modèle de développement basé sur la dépendance même si elle a prend dans ce dernier cas une autre forme. Une économie qui s’est spécialisée dans la mono-production et la mono-exportation des hydrocarbures pour officiellement répondre aux exigences de l’accumulation primitive qui nécessite d’énormes capitaux. Mais ce modèle qui date maintenant de plus de quarante ans n’a pas donné les résultats escomptés. Non seulement, la dépendance à l’égard des hydrocarbures n’a pas assuré les bases d’un développement agricole et industriel indépendant mais elle a aggravé le cercle vicieux de la dépendance à l’égard du marché mondial dominé par les multinationales : le pays importe jusqu’à 70% de son alimentation et la part de l’industrie nationale dans le PIB est descendue à …5% !

Bien entendu, ce serait succomber à une schématisation outrancière que de réduire la nature de classes du régime algérien à celle des régimes tunisien et marocain. Dans les deux derniers cas, nous avons affaire à des régimes autoritaires et compradores qui sont directement liés aux centres du capitalisme mondial comme l’illustre leur alignement géopolitique systématique sur les projets américains dans la région, leur armement exclusivement d’origine occidentale et surtout leur intimité organique avec les lobbies israéliens qui font chez eux le beau temps et la pluie. Dans le cas de l’Algérie, pour des raisons historiques liées au processus de décolonisation du pays, l’insertion dépendante à l’économie internationale, qui a obéi et continue d’obéir aux fluctuations des rapports de forces internes et externes, apparaît sous un jour plus contradictoire.

Par définition, la bourgeoisie bureaucratique qui a toujours été hégémonique dans le bloc social au pouvoir n’est pas homogène. En son sein, il existe des fractions qui aspirent à un développement économique national auto-centré et des fractions alliées à la bourgeoisie compradore spécialisée dans l’importation des produits finis et qui n’a aucun intérêt à voir une industrie nationale se substituer aux importations des biens et des services. Au gré des rapports de forces fluctuants, les luttes d’intérêts se reflètent dans des politiques économiques et sociales divergentes.

C’est ainsi que les fractions de la bourgeoisie compradore s’opposent par tous les moyens à toute politique économique visant à freiner ou à diminuer les importations en vue de les remplacer par une production locale. Pour ne retenir que quelques chiffres révélateurs de l’année 2009 : les valeurs des importations algériennes ont atteint 40 milliards de dollars ! La valeur des seules importations alimentaires a dépassé les 8 milliards de dollars ! La valeur des importations de médicaments a dépassé quant à elle les 2 milliards de dollars ! Derrière chaque fraction de la bourgeoisie compradore spécialisée dans tel ou tel créneau d’importation, il y une multinationale, un Etat impérialiste et bien entendu un grand bureaucrate et/ou un général algérien ! D’où l’interférence systématique des questions économiques et des questions politiques et l’interférence non moins systématiques des questions intérieures et des questions extérieures à caractère géopolitique ou diplomatique.

Pour des raisons propres à chacune des fractions de la bourgeoisie algérienne et de leurs alliés naturels au pouvoir, la paix sociale reste un dénominateur commun. Aucune fraction ne peut continuer à vaquer à ses affaires sans un minimum de paix sociale et de stabilité assurées par le rouleau compresseur d’un Etat militaro-policier. Les dépenses sociales annuelles de l’Etat algérien sont estimées à 12 milliards de dollars. Dans ces dépenses, il faut compter notamment le soutien de l’Etat aux prix des produits de large consommation (farine, lait, huile) qui sont revendus sur le marché intérieur à des prix inférieurs à ceux du marché mondial.

Si le soutien aux prix des produits de première nécessité apparaît comme la contrepartie financière pour s’assurer une paix sociale indispensable à la pérennité du système, il n’en demeure pas moins que cette politique, en apparence sociale, fait directement le jeu de la bourgeoisie compradore qui contrôle les circuits de l’importation et de la distribution des biens alimentaires et ce, depuis le démantèlement des monopoles publics à la faveur de la politique de privatisation imposée au pays par les institutions financières internationales au pays depuis la crise de la fin des années 80. Cette politique de dérégulation anarchique s’est aggravée au milieu des années 90 quand les seigneurs de la guerre ont profité d’une crise particulièrement sanglante pour dépecer le pays et se partager ses morceaux en toute impunité pendant que la majorité des Algériens cherchaient tout simplement à sauver leur peau…

Manne pétrolière et rivalités entre fractions bourgeoises

La flambée des prix du pétrole depuis 2006 allait constituer une aubaine pour de larges secteurs de la bourgeoisie compradore. Les autorisations d’importation allaient exploser en quantité et en valeur assurant un matelas financier propice à toutes les manœuvres économiques et politiques. Mais cette nouvelle donne n’est pas sans générer des tendances contradictoires. Si elle a bénéficié aux importateurs de biens et de services, l’augmentation de la manne pétrolière a aussi contribué à consolider des fractions de la bourgeoisie d’entreprise dans les secteurs du BTP et de l’industrie non sans alimenter au passage les circuits de la corruption au profit de la bourgeoisie bureaucratique qui détient les leviers de l’autorisation administrative des projets d’investissement.

Mais chose moins visible, l’augmentation de la manne pétrolière a fini par renforcer le statut des jeunes officiers appartenant à la génération de l’indépendance et formés dans des académies modernes tant en Algérie qu’à l’étranger et ce, à la faveur de la mise en œuvre d’un programme de professionnalisation et de modernisation de l’armée. Ces jeunes officiers, convaincus de leur rôle éminent dans le sauvetage de la république lors de la décennie rouge, regardent avec envie et mépris l’enrichissement des analphabètes de l’import-import et n’hésitent plus à pointer du doigt la corruption de certains de leurs supérieurs incompétents et leur alliance contre-nature avec les barons de l’économie informelle. De ce fait, ils joignent ainsi leurs voix à celles des secteurs de la bourgeoisie technocratique et industrielle et des classes moyennes qui se verraient mieux loties dans un système fondé sur l’intelligence et le travail.

La réussite d’un capitaine d’industrie comme Issad Rebrab, même s’il n’aurait sans doute jamais atteint une telle réussite sans le coup de pouce de quelques généraux amis qui lui ont permis de bénéficier d’un prêt avantageux de la Banque mondiale au milieu des années 90, est regardée comme un modèle à suivre : on peut réussir et faire fortune en produisant localement, en créant de la valeur et de l’emploi et en comptant sur la matière grise algérienne. Une bourgeoisie nationale basée sur l’industrie ne serait plus aussi utopique que certains voudraient le présenter.. Si la dépendance à l’égard des multinationales n’est pas supprimée du jour au lendemain, du moins elle pourrait être atténuée et limitée à certaines matières premières ou à certaines technologies difficiles à maîtriser à court terme. Même s’il ne faut pas oublier les enjeux économiques et de pouvoir qui se cachent derrière ces luttes entre fractions bourgeoises rivales, il est important de les situer par rapport à l’enjeu capital qui reste celui du mode d’insertion dans l’économie internationale. Vues sous l’angle de la mondialisation, ces luttes acquièrent une importance considérable dans la mesure où de l’issue de ces dernières dépend en grande partie la nature des rapports que le pays pourrait avoir avec le système mondial. C’est pourquoi, l’issue de ces luttes ne saurait laisser indifférent le mouvement social.

Le populisme au secours de la bourgeoisie compradore

Les émeutes sociales qui ont éclaté ces derniers jours en Algérie s’inscrivent dans ce contexte particulièrement complexe. Les tentatives maladroites du gouvernement d’assainir les circuits commerciaux de distribution, si elles ne pouvaient que satisfaire les secteurs de la bourgeoisie nationale, n’allaient pas laisser les barons de la bourgeoisie compradore les bras croisés. Seuls les imbéciles qui gouvernent actuellement l’Algérie pouvaient croire que cette réforme allait passer naturellement.

A moins que la grossière maladresse du gouvernement n’ait finalement été qu’une manœuvre souterraine pour donner le signal d’alarme aux alliés économiques et matrimoniaux qui contrôlent le commerce de gros. De quoi s’agit-il exactement ? Le gouvernement a pris une mesure draconienne en vue d’assainir le commerce de gros : plus d’opérations commerciales sans documents officiels (registre de commerce) et plus d’opérations commerciales supérieures à 500 000 DA ( 5000 euro) en cash. Pour ce genre d’opérations, seuls les chèques seront désormais autorisés à partir de mars 2011. Comment ont réagi les barons du commerce de gros ? Avant même l’entrée en vigueur de la mesure gouvernementale, ils ont inclus la TVA et une autre taxe locale (au total 20%) sur leur prix de vente aux commerçants. Si on ajoute à cela les manœuvres de rétention des biens de première nécessité comme la farine, on comprend aisément la flambée des prix et les émeutes qui s’en ont suivi.

Soucieux de sauvegarder la paix sociale à tout prix (même au prix de la compromission de l’avenir de la société à moyen terme) le gouvernement algérien a reculé et a décidé de suspendre les mesures en question. Ferme et intraitable quand il s’agit de réprimer les manifestations pacifiques des travailleurs de l’industrie, de la santé et de l’éducation, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de capituler devant une bourgeoisie parasitaire formée pour partie de délinquants économiques qui refusent d’opérer avec des factures, de payer la TVA et les impôts. Comment assurer les services à la collectivité sans impôts ? C’est une question qui ne traverse même pas l’esprit de cette bourgeoisie vorace et archaïque.

Mais le plus grave, c’est que cette bourgeoisie continue d’avoir des relais d’influence au sein de l’Etat et de la société. Hier, elle a pu exiger et avoir la tête du principal représentant de la bourgeoisie nationale, l’ancien ministre de l’économie et des finances, le professeur Abdelatif Benachenhou. Ce dernier était partisan d’un programme de régulation des dépenses publiques à des fins de développement industriel et technologique pour barrer la route aux fractions de la bourgeoisie compradore et à leurs alliés au sein de l’Etat décidés à se jeter sur la manne pétrolière comme des affamés. Pire, en l’absence d’un véritable mouvement social organisé et conscient de la complexité des enjeux de la mondialisation et de ses effets dévastateurs sur la société, cette bourgeoisie compradore en vient à profiter des émeutes sociales qu’elle a réussi à instrumentaliser dans une stratégie conservatrice puisque le gouvernement a fini par accepter un sordide deal avec elle : tu surseois à l’augmentation des prix et en contrepartie je surseois aux mesures régulatrices et je ferme les yeux sur ton commerce informel, ainsi tu continueras à accroître ta fortune clandestine et je continuerai à avoir la paix sociale…Le blanchiment de l’argent sale (drogue, terrorisme, corruption) a encore de beaux jours devant lui…

A travers ce deal qui ne dit pas son nom, la perpétuation de l’alliance de la bourgeoisie bureaucratique et de la bourgeoisie compradore au détriment du développement du pays et de la société risque malheureusement de durer encore quelques années, tant que le prix du baril de pétrole continue à assurer au gouvernement les recettes indispensables pour porter à bout de bras le corps d’un système économique et politique en putréfaction avancée…Ce sombre tableau est d’autant plus appelé à perdurer que le niveau lamentable des élites politiques algériennes, au pouvoir comme dans l’opposition, ne laisse entrevoir à court terme aucune perspective de sortie du cercle vicieux de l’autoritarisme et du populisme qui se nourrissent mutuellement pour briser tout élan de changement véritable.

Trop d’intérêts s’opposent aujourd’hui à la mise en œuvre d’un programme de réformes visant, non pas une utopique déconnexion par rapport au système mondial, mais seulement la redéfinition d’une nouvelle insertion dans la division internationale du travail, plus à la hauteur de l’histoire du pays et de ses potentialités naturelles et humaines et plus respectueuse de son environnement et de ses habitants.

L’empire américain veille au grain. S’il ne saurait tolérer des changements radicaux dans une région aussi sensible, il n’a pas non plus intérêt à y voir s’installer le chaos, du moins pas pour le moment. La manne pétrolière peut servir à assurer à court terme un semblant d’équilibre et de stabilité. Les luttes de fractions continueront parce qu’elles se nourrissent des tendances profondes qui structurent l’économie et la société algériennes. La classe moyenne qui vit de son effort et de son travail, et qui commence à peine à relever la tête après deux décennies de dérégulation, de précarisation et de violences, a tout intérêt à s’organiser pour prendre part à ces luttes si elle veut faire pencher la balance au profit du travail et de l’intelligence car c’est seulement à cette condition que le système basé sur l’économie rentière, la paresse et la corruption pourra être dépassé et avec lui toutes les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la cohésion de la société et l’indépendance du pays.

Source : Oumma.com