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Omar Belhouchet, directeur d’El Watan: « Le travail de 20 ans a failli partir en fumée »

 

Dans la soirée de mercredi à jeudi, vers 21h30, une bande de jeunes a tenté d’attaquer l’imprimerie des quotidiens Al Watan et El Khabar à Ain Naâdja (Alger) pour y mettre le feu. La réaction rapide et efficace des travailleurs a fait éviter le pire. Encore sous le choc, le directeur de publication du quotidien El Watan Omar belhouchet contacté en milieu de matinée nous livre ses premières impressions sur ce grave incident.

 

Que s’est-il réellement passé, M. Belhouchet ?

A l’heure où je vous parle, je suis encore sous le choc. Nous sommes passés à côté d’une catastrophe. Si les travailleurs n’avaient pas réagi d’une manière admirable. Je suis totalement ému et admiratif devant leur courage. L’imprimerie et les tonnes de papier – nous avons pour trois ans de stock stratégique – seraient partis en fumée. Aujourd’hui je prends conscience de cela, après y avoir passé la nuit et parlé aux cadres et aux travailleurs.


L’incident a eu lieu vers quelle heure ?

C’était aux environs de 20h30 – 21h00.

 

Est-ce que vous avez des pistes sur l’origine de cette attaque ?

Comme vous tous, nous nous posons des questions. Une soixantaine de jeunes se sont présentés devant l’imprimerie en disant « Nahargouha » (nous allons là brûler). Ils ont voulu escalader le mur. Ils n’ont pas pu en raison du barbelé et des grillages, et de la réaction des gardiens. Mais ils sont passés par la partie commune avec une entreprise voisine, c’est un peu le point faible en matière de sécurité. Ils s’y sont engouffrés, ont contourné les locaux, et derrière, ils ont essayé de pénétrer dans le dépôt de papier et le local abritant les unités d’impression.

 

Il n’y a pas eu de blessés lors des empoignades avec les travailleurs ?

Non, heureusement. Juste quelques légères lésions.

 

Certains parmi vos travailleurs habitent le quartier…

Absolument. A El Watan et à El Khabar nous avons adopté une politique visant à recruter dans le voisinage. Par souci d’aider à régler les problèmes des jeunes, mais aussi parce que les parents viennent nous voir pour nous demander de recruter.


Les services de sécurité ont-il intervenu à temps ?

Les gendarmes sont arrivés une demi-heure après. Ils sont restés avec nous jusqu’à 3h du matin pour sécuriser le site.


Vous allez porter plainte ?

Oui, ce sera fait dans la journée. Avec El Khabar nous sommes aussi en train de rédiger un communiqué et de travailler pour renforcer la sécurité au sein de l’imprimerie qui édite les deux quotidiens mais également Liberté, El Youm et El Khabar Erryadhi.

 

Votre journal établi un lien entre cet incident et l’annonce d’El Watan d’investir le champ audio-visuel.

Oui, tout le monde s’interroge sur le mobile de cet acte. On se pose bien évidemment des questions sur le lien que pourrait avoir le fait de projeter de lancer une chaîne de télévision et la volonté de réduire en cendres les unités d’impressions des deux quotidiens.

J’aimerais insister pour dire que ce sont les travailleurs, les techniciens et les ingénieurs qui ont sauvé l’imprimerie (…). Excusez-moi, je suis très ému. 20 ans de travail auraient pu partir en fumée si ce n’était leur héroïque intervention.

 


Écrit par Abdelkader Zahar (propos recueillis)

Jeudi, 15 Septembre 2011 17:01

http://www.maghrebemergent.com

 

 


Saskia Sassen
Mardi 6 Septembre 2011
lanation.info

 

Saskia Sassen explore ici la manière dont la créativité du capitalisme avancé a pu conduire à la crise des crédits hypothécaires (subprimes) aux USA. Au passage, elle découvre un lien secret entre la spéculation financière et une approche purement abstraite des réalités territoriales. Là où l’homme du commun assure que la terre vaut pour elle-même, qu’elle est le sol où se fonde toute vie humaine digne de ce nom, et que toute personne est fondée à demander à être protégée de la misère, et a fortiori dans le cas où elle met ses ressources à disposition des autres, il est soudain apparu que les techniques financières, telles le LBO (leverage buy out, achat avec effet de levier) n’étaient nullement cantonnées aux entreprises. D’où la mise en équivalence entre ce qui se développe dans les pays du Sud – lesquels ne se contentent plus d’exporter leurs ressources naturelles, mais vendent leur territoire à des compagnies étrangères – et ce qui s’est passé avec les emprunts hypothécaires. Dans les deux cas, le capitalisme avancé crée des « populations surnuméraires » qui sont réellement exclues de leurs propres villages ou de leur foyer. Il devient impossible aux populations du Sud de développer leur propres produits. Et dans les pays du Nord, un grand nombre de ménages ont été lessivés par des offres de crédits malsaines, et violemment rejetées sans la moindre possibilité de recouvrer l’argent qu’ils avaient placé dans le système. Que se passera-t-il ensuite ?

Saskia Sassen
Lorsque la guerre froide a pris fin, une nouvelle lutte a commencé. Suivant une période de relative redistribution keynésienne dans les économies de marché développées, les États-Unis sont devenus l’acteur clé d’un remodelage radical du capitalisme. La période keynésienne a apporté avec elle une expansion active des logiques qui valorisaient les gens en tant que travailleurs et consommateurs. Ce n’est pas le cas pour la phase actuelle du capitalisme avancé. Au cours des deux dernières décennies, il y a eu une forte augmentation du nombre des personnes qui ont été « expulsées », une quantité bien plus importante que celle des nouvelles classes moyennes « intégrées » dans des pays comme l’Inde et la Chine. J’utilise le terme « expulsé » pour décrire une variété de conditions : le nombre croissant de pauvres vivant dans une misère abjecte, les déplacés des pays pauvres qui sont recasés dans des camps de réfugiés formels et informels, les stigmatisés et les persécutés des pays riches qui sont destinés aux prisons, les travailleurs au corps détruit à la tâche et rendus inutiles à un âge bien trop précoce, des populations surnuméraires pourtant capables mais parquées dans les ghettos ou des zones. Mon propos est que cette expulsion massive signale en fait une transformation systémique plus profonde qui a été documentée par petits bouts, par bribes, mais pas vraiment présentée comme une dynamique globale qui nous emporte vers une nouvelle phase du capitalisme mondial.
Dans cet essai, j’examine trois enjeux. Tout d’abord, j’analyse brièvement ce qui nous a menés à ce point. Ensuite, je discute une nouvelle logique du profit qui peut prospérer sur les dévastations produites par la logique dominante des deux dernières décennies : la transformation de ce qui fut jadis construit comme territoire national souverain en terre à vendre sur le marché global. Ce sont des terres en Afrique, en Asie Centrale et en Amérique Latine qui sont achetées par de riches investisseurs ou des gouvernements pour produire de la nourriture, pour accéder aux eaux souterraines, ainsi qu’aux minéraux et aux métaux. Le troisième point peut être présenté comme une extension globale des mécanismes financiers qui ont, jusqu’ici, été confinés aux États-Unis mais qui ont pour trait caractéristique la possibilité de réaliser des profits financiers massifs sur le dos de foyers aux revenus modestes, ceux-ci étant globalement au nombre de 2 milliards.

Fabriquer des instruments complexes pour des extractions élémentaires

Deux changements profonds marquent le début des années 1980. Le premier fut l’ascension de la finance. Si l’activité d’une banque traditionnelle consiste à vendre de l’argent que vous avez, avec la finance vous vendez de l’argent que vous n’avez pas. A cette fin, la finance doit envahir des secteurs non-financiers pour obtenir le grain pour son moulin. Et aucun instrument n’est meilleur pour cela que le produit dérivé. Le résultat a été qu’en 2005, la valeur notionnelle des produits dérivés en suspens était de 630 mille milliards de dollars, soit 14 fois le PIB mondial. Ce n’est pas sans précédent dans l’histoire occidentale, mais c’est une transformation majeure par rapport à la période keynésienne, qui était marquée par la vaste expansion des économies matérielles : la production de masse et la construction massive d’infrastructures et de banlieues.
Le second déplacement fut le développement matériel d’un nombre croissant de régions du monde en zones-limites dévolues à des opérations économiques clés : la délocalisation globale d’industries à bas salaires, de services et de travail intellectuel vers des régions à faibles salaires, et l’expansion rapide dans le monde entier des villes globales comme espaces stratégiques pour des fonctions économiques avancées – ce qui vise aussi bien la construction de Dubaï à partir de rien que la rénovation souvent brutale de zones centrales des villes plus anciennes.
Le poids croissant de la logique financière explique également pourquoi la dernière crise a affecté les économies des pays les plus riches davantage que les crises précédentes, pourtant nombreuses, au cours des deux dernières décennies. Davantage encore, cela explique la combinaison d’une croissance énorme de la richesse individuelle depuis les années 1990 et de la disparition à la fin de 2009 de l’essentiel de la création d’emplois et de la croissance du revenu national observées dans cette période. Après deux décennies de financiarisation sauvage, on se retrouve avec une économie à croissance nulle dans la plupart des pays riches, en particulier les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon. Plus généralement, le monde compte davantage de pauvreté, davantage d’inégalités, davantage de concentration des richesses, et des économies encore plus dévastées dans le Sud Global.
Que sera la suite ?

Quand la terre a plus de valeur que les personnes et les entreprises qu’elle abrite

A l’intérieur du capitalisme lui-même, on peut caractériser la relation entre capitalisme avancé et traditionnel comme marquée par l’extraction et/ou la destruction. Dans le cas le plus extrême, cela peut signifier l’appauvrissement et l’exclusion d’un nombre croissant de personnes qui cessent d’avoir une valeur en tant que travailleurs et consommateurs. Mais cela signifie également que les petites bourgeoisies et bourgeoisies nationales traditionnelles cessent d’avoir de la valeur. Cela fait partie de l’approfondissement systémique actuel des relations capitalistes. Une manière brutale d’illustrer ce propos consiste à dire que les ressources naturelles dans la plupart de l’Afrique, de bonnes parties de l’Amérique Latine et de l’Asie Centrale ont plus de valeur que les gens de ces continents n’en ont en tant que travailleurs et consommateurs. Quand cela arrive, nous avons laissé derrière nous des formes du capitalisme qui prospéraient sur l’expansion accélérée de classes travailleuses et moyennes prospères. Maximiser la consommation des foyers était une dynamique essentielle au cours de cette période ; cela l’est aujourd’hui dans les économies dites émergentes.
Aujourd’hui, après vingt ans d’un type particulier de capitalisme avancé, nous sommes confrontés à un paysage humain et économique marqué par une dynamique à double hélice.
D’un côté, il y a un mélange de situations codées en populations surnuméraires croissantes et en expansion croissante de territoires dévastés – par la pauvreté et la maladie, par les soi-disant guerres civiles, par des gouvernements qui dysfonctionnent sous l’effet d’une corruption aiguë, d’un endettement élevé, et une incapacité extrême à répondre aux besoins des gens. Ces conditions existent, d’une certaine manière, dans les pays développés, mais elles prennent des formes extrêmes dans le monde moins développé. Nous pouvons y ajouter des tendances globales, notamment l’usage de plus en plus grossier des personnes – comme les travailleurs du sexe, ou tous les travailleurs qui ne sont pas simplement utilisés mais usés par des conditions de travail extrêmes puis jetés, les gens qui sont simplement des pourvoyeurs d’organes, et ainsi de suite. Il y a une rapide, et souvent très active production de population surnuméraire – des gens déplacés par la prolifération de conflits armés en Afrique sub-saharienne, ou la forte augmentation du nombre de prisonniers aux États-Unis et dans d’autres pays du Nord, toutes sortes de gens déplacés rassemblés dans des camps de réfugiés gérés par le système humanitaire international qui est (dans le meilleur des cas) financé par les contribuables du monde entier.
D’un autre côté, dans un nombre croissant de régions du Sud, le territoire cesse d’être considéré comme représentant des États-nations, pour être est systématiquement transformé en ressources disponibles1. Les dévastations décrites brièvement ci-dessus, notamment dans le Sud Global, combinées à la mise en œuvre de programmes de restructuration du FMI et de la Banque mondiale, ont eu des effets nombreux. Ici, je m’attarde en particulier sur l’un d’eux, que je tiens pour central dans la nouvelle phase de capitalisme avancé qui se déploie depuis que la crise financière a éclaté en 2008. Il s’agit du fait que ce mélange de processus a eu pour effet de « reconditionner » les terrains que représentent ces pays pour une expansion du capitalisme avancé, y compris sous ses formes criminelles.
La manière la plus simple d’illustrer ce point est de considérer les chiffres liés à l’acquisition accélérée de terres de pays pauvres pour la plupart par les investisseurs et les gouvernements étrangers. Ce n’est pas la première fois dans les temps modernes : il s’agit d’une dynamique récurrente qui tend à faire partie de réajustements impériaux. L’acquisition par la Chine de mines en Afrique est liée à son ascension en tant que puissance mondiale. La Grande-Bretagne, la France, les États-Unis et les autres ont tous fait cela dans les phases impériales initiales, et, dans de nombreux cas, ont possédé d’importantes parties de territoires situés dans des pays étrangers pour des centaines d’années. Mais chaque période est spécifique. Un trait particulier de notre époque est que, à la différence des empires du passé, le monde d’aujourd’hui est très largement composé d’États-nations reconnus comme souverains – peu importe la faiblesse de ce pouvoir souverain. Plutôt que la saisie impériale, le mécanisme en usage est, parmi d’autres, l’investissement direct étranger (IDE).
L’Institut international de recherche en politique alimentaire (International Food Policy Research Institute, IFPRI) a relevé en 2009 qu’entre 15 et 20 millions d’hectares de terres agricoles dans des pays pauvres ont été sujettes à transactions ou discussions impliquant des étrangers depuis 20062. C’est l’équivalent d’un cinquième de toutes les terres agricoles de l’Union européenne. En prenant une estimation conservatrice pour la valeur des terres, l’IFPRI a calculé que ces négociations s’élèvent à entre 20 et 30 milliards de dollars. Cela représente dix fois le montant du fonds d’intervention pour l’agriculture récemment annoncé par la Banque mondiale et quinze fois plus que le nouveau fonds du gouvernement américain pour la sécurité alimentaire. Quoiqu’il n’y ait pas de données d’ensemble, il y a un certain nombre d’études – et les résultats de l’IFPRI sont certainement les plus détaillés. Les formes contractuelles sous lesquelles ces terres sont acquises comprennent l’acquisition directe et le bail. Quelques exemples permettent de repérer les acheteurs et les lieux. L’Afrique est une destination majeure pour l’acquisition de terres. La Corée du Sud a signé des contrats pour l’équivalent de 690.000 hectares et les Émirats Arabes Unis pour 400.000, tous deux au Soudan. Les investisseurs saoudiens dépensent 100 millions de dollars pour cultiver du blé, de l’orge et du riz sur des terres qui leur sont louées par le gouvernement éthiopien ; ils bénéficient d’exemptions fiscales et exportent les récoltes vers l’Arabie Saoudite3. La Chine s’est assurée le droit de cultiver l’huile de palme pour des biocarburants sur 2,8 millions d’hectares au Congo, ce qui serait la plus grande plantation pour l’huile de palme au monde. Elle négocie en Zambie pour cultiver des biocarburants sur 2 millions d’hectares. Peut-être moins connu que l’exemple africain est le fait que des territoires privatisés dans l’ancienne Union soviétique, particulièrement en Russie et en Ukraine, sont également en train de devenir l’objet d’acquisitions par des étrangers. Rien qu’en 2008, on dénombrait les cas suivants : une société suédoise, Alpcot Agro, achetant 128.000 hectares en Russie ; le Sud-Coréen Hyundai Heavy Industries payant 6.5 millions de dollars pour devenir majoritaire au sein de Khorol Zerno, une entreprise qui possède 10.000 hectares en Sibérie orientale ; Morgan Stanley achetant 40.000 hectares en Ukraine ; des investisseurs du Golfe projettent d’acquérir Pava, le premier semencier russe coté sur les marchés financiers pour vendre 40% de sa filiale foncière, leur donnant accès à 500.000 hectares. Encore moins connu que le cas africain est celui du Pakistan offrant un demi-million d’hectares aux investisseurs du Golfe, en promettant 100.000 hommes pour protéger ces terres.
Ces développements font partie d’une combinaison plus large de tendances. Premièrement, il y a le fait immédiat que la demande globale de nourriture, entretenue par le demi-milliard d’individus appartenant aux nouvelles classes moyennes en Asie, signifie qu’il y a des profits à réaliser grâce aux aliments et aux terres. Nous avons maintenant un marché global de la nourriture et des terres contrôlé par des grandes entreprises et des gouvernements, et il a été un secteur de croissance tout au long de la crise financière. Dans ces conditions, le pricing est une affaire bien en main. Deuxièmement, il y a la demande continue pour les métaux et les minerais de toute sorte – et une nouvelle demande pour des ressources encore peu exploitées jusque-là dont le besoin provient de développements récents dans le secteur de l’électronique. L’Afrique, moins densément peuplée et moins construite que d’autres parties du monde, est devenue une destination clé pour les investissements miniers. Troisièmement, la demande croissante pour l’eau et la disparition d’eaux souterraines dans plusieurs parties du monde. Quatrième point, et peut-être le moins connu, est le déclin important des IDE dans le secteur manufacturier en Afrique, signalant également la reconfiguration de ce territoire. En Afrique du Sud et au Nigeria – les deux plus grands récipiendaires d’IDE, comptant pour 37% d’entre eux en Afrique en 2006 -, ont connu une forte augmentation d’IDE dans le secteur primaire et une baisse sensible dans le secteur secondaire4. C’est aussi le cas pour le Nigeria, où les investissements étrangers dans le secteur pétrolier ont été un facteur majeur : la part du secteur primaire dans les stocks d’IDE s’y élevait à 75% en 2005, contre 43% en 1990. D’autres pays africains connaissent des évolutions similaires. Même à Madagascar, l’un de ces rares parmi les petits pays à connaître une hausse des flots d’IDE dans les années 1990, celle-ci fut bien au-dessous de la hausse dans le secteur primaire.
Je développe ces enjeux plus longuement ailleurs et m’emploie à démontrer que l’extraction de valeur du Sud et, en particulier, la mise en œuvre de programmes de restructuration dirigés par le FMI et la Banque mondiale, ont eu pour effet de « reconditionner » les terrains représentés par ces pays pour une expansion du capitalisme avancé, y compris sous ses formes explicitement criminelles. L’achat de vastes bandes de terres en Afrique et en Asie Centrale pour les besoins de l’agriculture « offshore », de l’extraction d’eau souterraine et de l’accès aux métaux et aux minerais, est une opération plus aisée pour les investisseurs dominants actuels et les gouvernements s’ils font face à des gouvernements et des élites locales affaiblis et/ou corrompus, ainsi qu’à des citoyens sans pouvoir.

Expulsions dans les pays du Nord

Au début du nouveau millénaire, la forte accélération des valeurs financières par rapport au PIB réel générait une intense demande pour des titres soutenus par de vrais actifs. C’est dans ce contexte que même des crédits mal notés pour des logements modestes sont devenus du blé pour le moulin financier aux États-Unis. Cette combinaison d’une dette de mauvaise qualité et d’actifs modestes est probablement l’investissement le moins attractif pour la finance. Mais les crédits hypothécaires sur les maisons modestes étaient l’un des rares secteurs sous-financiarisés aux États-Unis : la financiarisation des crédits normaux et des prêts aux consommateurs étaient déjà en place depuis deux décennies, si bien que tout ce qu’il restait était aux marges – des crédits mal notés, des prêts pour les études, etc. Alors qu’augmentait la demande pour des titres soutenus par des actifs, l’usage de crédits hypothécaires à risque (subprimes) pour concevoir de tels titres connut lui aussi un essor .
Leur sous-jacent était une caractéristique vitale de ces instruments d’hypothèques en vue de leur possible extension au marché mondial des 2 milliards de foyers aux revenus faibles et moyens. On a bien trop insisté, dans les explications sur la crise, sur l’idée commune selon laquelle ce furent les acheteurs irresponsables de ces crédits hypothécaires qui auraient dû savoir qu’ils ne pourraient pas les payer. Cette caractéristique est le découplage des profits potentiels pour les vendeurs de crédits et les investisseurs de la capacité des consommateurs à rembourser. Il aura fallu un mélange complexe d’innovations pour rendre possible ce décrochage très élémentaire. Le fait qu’un acheteur puisse rembourser ses mensualités ou pas comptait moins que de faire signer au moins 500 de ces acheteurs. Chacun de ces crédits hypothécaires put ensuite être découpé en de multiples fragments, chacun de ceux-ci put ensuite être combiné avec une dette à la note élevée mais non soutenue par des actifs, puis l’on a pu générer ainsi un « produit d’investissement » qui put à son tour être vendu aux investisseurs comme un titre soutenu par des actifs. Mission accomplie !
Ainsi, la crise des saisies qui a éclaté en 2007 n’était pas une crise pour les investisseurs financiers. Ce fut une crise pour les millions de familles de la classe moyenne, la plupart ayant signé, nous le savons maintenant, en fonction de fausses prémisses. Ils ne purent rembourser leurs crédits et perdirent tout, y compris le peu qu’ils possédaient avant d’emprunter. Quinze millions de foyers ont désormais perdu leur maison du fait de saisies, ce qui est plus que la population des Pays-Bas. Des millions d’entre eux vivent maintenant dans des tentes.
Pour la haute-finance, ces millions de saisies en 2006 et 2007 ont créé une crise de confiance. Elles étaient le signe que quelque chose n’allait pas mais, en raison de la complexité des instruments combinés, il devint impossible d’identifier les éléments toxiques. La valeur en jeu, 300 milliards de dollars, n’aurait pas pu faire chuter le système financier. Il y a une ironie profonde dans cette crise de confiance : le talent de ceux qui ont conçu ces instruments financiers a contribué à la faillite d’un grand nombre d’investisseurs (en plus de celle des familles aux revenus modestes à qui l’on a vendu ces crédits). Le lien toxique était que pour que ces crédits hypothécaires marchent comme actifs pour les investisseurs, un grand nombre d’entre eux furent vendus sans qu’on se soucie de savoir si les acheteurs pourraient repayer leurs mensualités. Plus vite ces crédits hypothécaires étaient-ils vendus, plus vite ils pouvaient être combinés à des instruments financiers et revendus à des investisseurs. Au total, les subprimes ont plus que triplé entre 2000 et 2006, et ils ont compté pour 20% de tous les emprunts immobiliers aux États-Unis en 2006. Cette primauté accordée à la vitesse a également permis de garantir les commissions des vendeurs de subprimes et de réduire l’effet des défaillances sur leurs profits. En fait, ces vendeurs de subprimes qui n’ont pas pu s’en débarrasser, combinés à d’autres instruments, ont finalement fait faillite, mais pas sans avoir auparavant touché les commissions versées par les acquéreurs.
Les crédits hypothécaires peuvent être des instruments utiles pour aider les foyers aux revenus modestes à acquérir une maison. Mais ce qui s’est passé aux États-Unis au cours des dernières années a constitué un abus du concept. L’épargne modeste ou les futurs revenus de foyers aux revenus faibles furent utilisés dans le seul but de développer un instrument financier qui permettrait aux investisseurs de réaliser des profits même si ces foyers faisaient faillite. Dans un monde de plus en plus globalisé, les bons et les mauvais usages de cet instrument vont proliférer.
La vente agressive de subprimes à ceux qui ne pouvaient les rembourser est devenue un phénomène clair dans ce microcosme qu’est New York City. Les Blancs, qui ont un revenu bien plus élevé que tous les autres groupes de la ville, étaient bien moins susceptibles de souscrire aux subprimes que les autres. Ainsi, seulement 9.1% de tous les Blancs qui ont souscrit à des crédits immobiliers ont pris des subprimes en 2006, contre 13.6% d’Asiatiques, 26.6% d’Hispaniques et 40.7% de Noirs. Certes, tous les groupes ont connu des taux de croissance importants, si l’on considère la période des pires excès, de 2003 à 2005 : plus qu’un doublement pour les Blancs, un triplement pour les Asiatiques et les Hispaniques, et un quadruplement pour les Noirs. La plupart de ces foyers ont perdu leurs maisons à cause de saisies, et beaucoup de quartiers sont devenus des espaces urbains sinistrés.

2002 2003 2004 2005 2006
Blanc 4.6% 6.2% 7.2% 11.2% 9.1%
Noir 13.4% 20.5% 35.2% 47.1% 40.7%
Hispanique 11.9% 18.1% 27.6% 39.3% 28.6%
Asiatique 4.2% 6.2% 9.4% 18.3% 13.6

Taux de prêts hypothécaires à risque conventionnels par race, New York City, 2002-06.
Source : Furman Center for Real Estate & Urban Policy, 2007

Il est possible d’utiliser plusieurs ensembles de données pour anticiper le marché global potentiel pour ces instruments, et, de fait, leur potentiel pour dévaster les ménages, les quartiers et davantage encore. Une comparaison de la valeur de toutes les dettes de crédits immobiliers (crédits hypothécaires faibles à élevés) rapportée au PIB à travers les pays révèle des variations profondes. D’une certaine manière, la variation de cette valeur est fonction du timing. Elle est bien au-dessus de 100% aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie et dans plusieurs pays européens, notamment 145% en Suisse. Ici, le marché de l’immobilier a longtemps été privé et, plus important, le système financier est très développé dans bien des domaines. Ainsi, l’incidence des crédits est à la fois élevée et étendue en termes de variétés des circuits financiers qu’elle touche. Point central dans cette histoire, la différence entre les prêts immobiliers rapportés au PIB et le taux de croissance de ces prêts. De fait, le second est très bas dans les pays dotés de jeunes marchés de l’immobilier, comme en Inde et en Chine, où il s’élève à 10%. Par contraste, sur des marches plus matures en Asie, cette valeur peut être supérieure – s’élevant à 60% à Singapour, et 40% à la fois pour Taiwan et Hong Kong – mais le taux de croissance est bien plus bas. Entre 1999 et 2006, la croissance annuelle moyenne des crédits immobiliers en Chine et en Inde était extrêmement élevée, certainement au-dessus des autres types d’emprunts. Ces deux pays ont des nouvelles classes moyennes de 200 millions d’individus chacun, et donc des marchés immobiliers croissant rapidement. Ils sont donc au commencement d’une nouvelle phase économique de développement. Si l’on considère les innovations financières particulières – les emprunts immobiliers et les crédits hypothécaires à risque des foyers à modestes ou bas revenus -, alors l’on comprend combien le marché des emprunts immobiliers en Chine et en Inde peut être attractif.
Les capitaux liés aux emprunts immobiliers se développent, mais il faut les replacer dans un contexte financier plus large. Ainsi, même si la masse financière des emprunts représente une proportion significative du PIB dans des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis, la valeur totale des actifs financiers est sans commune mesure. Comme indiqué plus haut, le ratio de la finance rapportée au PIB américain est de 450%, comme c’est le cas pour le Royaume-Uni. L’autre histoire, dans ce cas, c’est la manière dont la finance est parvenue à trouver des mécanismes pour produire des bénéfices sans relation directe avec la croissance réelle des économies nationales. De ce point de vue, la titrisation des emprunts immobiliers peut être considérée comme un instrument puissant pour une financiarisation toujours plus importante des économies.
Finalement, un moyen plus avancé pour comprendre le marché potentiel des emprunts immobiliers peut être la mise en équivalence du système bancaire/financier d’un pays avec la valeur de son parc immobilier (Sassen 2008). Pour le système financier, on peut utiliser les données sur la part d’emprunts immobiliers dans les crédits totaux d’un pays. De fait, une telle part, dans les « marchés émergents », s’élève à 9% en Russie, 13% en Pologne, 20% en Afrique du Sud, avec la plupart des pays situés entre ces extrêmes. Dans les pays développés, cela varie énormément. La part la plus basse est de 17% en Allemagne et dans d’autres pays européens. Les plus élevées sont aux États-Unis, à 40%, au Canada, à 60%, en Australie, à 50%, en Norvège, à 60%, et ainsi de suite. Autrement dit, il y a une réelle marge de croissance pour les emprunts immobiliers dans la somme totale des crédits distribués par les systèmes bancaires et financiers. Il se pourrait qu’une partie de cette croissance prenne la forme de subprimes, avec ses risques pour les foyers aux revenus modestes et le levier additionnel que cela apporte au système financier.
En ce qui concerne les ménages, on observe, sur une période de temps très courte, une croissance rapide du ratio de la dette des ménages rapportée au revenu disponible. De fait, pour prendre des exemples de hausses fortes dans les marchés émergents, en République tchèque, ce ratio a bondi de 8% en 2000 à 27% en 2005 ; en Hongrie, de 11% à 39% ; en Corée du Sud, de 33% à 68%. Dans les marchés matures, ces ratios sont passés : de 83% à 124% en Australie, de 65% à 113% en Espagne, et de 104% à 133% aux États-Unis. Ce sont des taux élevés qui signalent le potentiel de croissance dans les pays ayant connu récemment de fortes hausses, tout comme ils annoncent ce qui peut arriver là où la hausse est restée limitée. On trouvera un signe de la propension de ce marché à devenir global dans la forte part de cette dette détenue par des étrangers dans certains pays. Cela vaut pour des économies aussi différentes que, par exemple, la Pologne, la Hongrie et la Roumanie, où respectivement 35%, 40% et 42% de la dette des ménages est détenue par des étrangers.

Conclusion : Une logique d’expulsion

L’une des manières de penser ces processus émergents dont nous parlons pose l’extension de l’espace opérationnel du capitalisme avancé. S’appropriant de nouveaux espaces, il en expulse des gens aussi bien dans le Sud que dans le Nord. Dans le Sud, ces espaces consistent en divers agrégats territoriaux visant la capture des richesses de la terre, des cultures d’exportation aux réserves d’eau ou aux ressources rares des minéraux et des métaux. Dans le Nord, les motifs réels pour s’approprier des espaces brusquement libérés sont moins évidents. Reste que l’on assiste dans les deux cas à la création massive de « populations surnuméraires », expression où le mot « surnuméraire » renvoie pour moi à une condition intentionnellement créée au sein d’un système et non pas à une condition spontanée.
Le Sud peut être vu comme une espèce d’avant-garde systémique pour une phase nouvelle du capitalisme avancé, laquelle prend le relais de la période d’hyper-financiarisation ouverte dans les années 80. Les économies du Sud, dévastées et en butte une ou deux décades durant aux programmes structuraux imposés par le FMI pour le remboursement de la dette, sont à présent intégrées aux nouveaux circuits du capitalisme avancé. Cela se produit par le biais de l’acquisition fébrile de millions d’hectares de terres par des investisseurs étrangers, tant pour produire de la nourriture que pour pomper de l’eau ou extraire des minerais au profit des pays investisseurs. L’important accroissement du nombre des déplacés – actuellement estimé à 26 millions, dont 17 l’ont été dans les toutes dernières années – est un indicateur de cette phase nouvelle.
Le tableau est moins clair dans les pays du Nord. La complexité plus forte de leur économie a pour effet une démultiplication des logiques d’extraction. Ici, j’ai fait état brièvement à la crise des crédits hypothécaires, cette logique spécifique aux pays du Nord qui aboutit à détourner le concept initial du crédit hypothécaire, cet instrument destiné à favoriser l’accession à la propriété de ménages aux ressources limitées. Je lie ce détournement à l’extension du domaine de la finance spéculative, et cela détache en réalité le circuit financier du bien réel qu’est la maison, tout autant que de son quartier ou des familles à qui l’on prête. Dans l’usage qui en est fait, la maison n’importe qu’en tant que le contrat la mentionne comme un gage matériel, et pour autant que des milliers de ces prêts peuvent être agrégés. Les familles sont ainsi requises pour développer un instrument financier : une fois le contrat signé, il n’est pas vraiment important de savoir si elle pourront s’acquitter ou non de leurs traites. En fin de compte, des quartiers entiers seront finalement expulsés, au sens propre, des circuits traditionnels du capital.

Traduit de l’américain par Gérard Wormser

Notes
1  Cf. « needed » resources (Sassen 2009).
2  Il n’est pas inutile de relever que cela est arrivé quand l’index des prix alimentaires publié par The Economist (23 mai 2009) a augmenté de 78% et que le soja et le riz ont tous deux grimpé de 130%. Dans l’intervalle, les stocks alimentaires se sont effondrés. Parmi les cinq plus grands exportateurs, les ratios de stocks de consommation + exportations sont tombés à 11% en 2009, en-dessous de la moyenne sur dix ans, qui était de plus de 15%. Au-delà des prix, les interdits commerciaux et les crises posent des risques même aux pays riches qui dépendent des importations de nourriture.
3  D’un autre côté, le Programme Alimentaire Mondial (World Food Programme) engage 116 millions de dollars entre 2007 et 2011, pour fournir 230.000 tonnes d’aide alimentaire aux 4.6 millions d’Éthiopiens qu’il estime être menacés par la faim et la malnutrition. Cette coexistence, au sein d’un pays, de profits liés à la production agricole pour l’exportation et de famines, les contribuables du monde entier payant en fin de compte pour l’aide alimentaire, tel est le schéma triangulaire qui s’est répété au fil des décennies depuis la fin de la Seconde guerre mondiale (Cf. Sassen 1998).
4  La part du primaire (qui comprend principalement les mines et l’agriculture) dans les stocks d’IDE est passée à 41% en 2006, contre 5% en 1996. Par contraste, la part du secondaire est tombée à 27%, contre 40%, sur la même période (UNCTAD, 2008).


Des citoyens ont fermé l’autoroute Est-Ouest

 

le 22 08.11.el watan |

La tension ne cesse de monter dans la commune d’Al Adjiba, à 25 km à l’est de Bouira.

Les villageois de Semmache, après une semaine de pourparlers infructueux avec les responsables municipaux pour que ces derniers s’engagent à améliorer leurs conditions de vie, ont décidé de passer à un stade supérieur de la protestation. Plusieurs jeunes manifestants, issus de cette localité, ont fermé, hier matin vers 9h, les deux voies de l’autoroute Est-Ouest au niveau de la commune d’Al Adjiba.

Cette action vient après plusieurs jours de sourde oreille de la part des responsables locaux. «Nous protestons pacifiquement et nous avons procédé à la fermeture de l’autoroute pour attirer l’attention des pouvoirs publics, mais jusqu’à maintenant aucun responsable n’a jugé utile de venir nous voir», a affirmé le porte-parole de ce mouvement de protestation. Ainsi, les villageois, qui sont venus pour poursuivre leur mouvement de contestation et fermer le siège de l’APC, ont été surpris par un groupe de jeunes qui se trouvaient à l’intérieur du siège de la mairie et qui ne cessaient de les provoquer, à en croire les manifestants.

«Nous sommes venus le matin pour protester pacifiquement devant le siège de l’APC et puis des jeunes perturbateurs qui se trouvaient à l’intérieur de la mairie n’avaient pas cessé de nous provoquer. Nous n’avons pas voulu répondre à leur insolence», ajoute notre interlocuteur. L’autoroute a été rouverte à la circulation automobile à 12h30. Il faut noter qu’aucun incident n’a eu lieu avec les brigades antiémeute de la Gendarmerie nationale qui sont arrivées en nombre sur les lieux. De plus, le déplacement du chef de daïra de Bechloul n’a rien apporté quant aux revendications des habitants de Semmache. Ces derniers comptent aller jusqu’au bout.

Ali Cherarak


Plus de 1500 prostituées travaillent dans la région de Béjaïa

Tichy mène la guerre au tourisme sexuel


“Halte au tourisme sexuel et au pourrissement de notre ville.” Ce mot d’ordre barrant une banderole accrochée à l’entrée-est de Tichy en dit long sur l’étendue de l’exaspération de ses habitants face à la propagation remarquable du phénomène de la prostitution. Beaucoup d’habitants de cette station balnéaire la plus prisée de la wilaya de Béjaïa ne veulent plus de la présence de ces femmes qui viennent ici vendre leurs charmes. Misogynie ? Accès de puritanisme ? Xénophobie ? Jalousie ?

Rien de tout cela, jurent les membres de la coordination des comités de 3 villages (Baccaro, Maâdhen et Tichy-centre), mise en place dans la foulée du mouvement de protestation lancé en mars dernier. Ils ne nourrissent aucune animosité envers les étrangers ou les propriétaires des hôtels, assurent-ils, surtout que le tourisme est le gagne-pain de bon nombre d’entre eux.
“Nous ne sommes pas contre X ou Y. On n’a aucun problème avec les bars, les hôtels et même les lieux de divertissement. Les familles et les touristes sont les bienvenus à Tichy. Mais le tourisme sexuel et la débauche, non”, explique Boubekeur, un des animateurs de la coordination. “Notre objectif est simple : nous voulons zéro prostitution à Tichy. C’est impossible de vivre ici. On a trop supporté. Le phénomène doit s’arrêter”, lance son ami Mourad, un restaurateur. Il faut dire que, pendant la saison des chaleurs, Tichy reçoit un flux de plus de 80 000 touristes qui y viennent gouter aux plaisirs de la mer. Une belle aubaine pour les amateurs du gain facile : une faune de proxénètes de différentes régions du pays s’amènent ici pour louer des appartements dans lesquels officient leurs prostituées.
Un bon filon pour certaines vieilles originaires de l’ouest du pays qui, elles aussi, y ramènent leurs filles pour s’adonner au plus vieux métier du monde. Et comme elles ne rechignent pas à la dépense, des habitants n’hésitent pas à leur céder leurs appartements sans se soucier de l’usage qui en sera fait ni du profil des locatrices. Même les agences immobilières en profitent de cette manne puisqu’une bonne moitié d’entre elles travaillent avec ces très particulières clientes. Révélation d’une personne très introduite dans le milieu de la nuit : quelque 1500 prostituées “sévissent” dans la région de Béjaïa. “Les prostituées viennent de Annaba, de Batna, de Constantine, de Djelfa, etc. Mais 90% d’entre elles sont de l’ouest du pays, essentiellement de Sidi Bel-Abbès. C’est une véritable filière. On envoie là-bas des gens spécialement pour s’ ‘approvisionner’. Des tas de filles leur sont présentées pour sélectionner celles qui seront du voyage vers le paradis bougiote”, affirme-t-il.

Les Tychiotes se sentent touchés dans leur dignité
Et cette grande concentration de filles de joie dans une petite ville de 17 000 habitants à peine ne peut pas ne pas attirer les regards. Les rancœurs, aussi, car elle n’est pas sans conséquences. La prostitution se pratiquait partout, dans des maisons comme à la plage.
Perspicaces, nombre de prostituées se sont mariées avec de jeunes chômeurs de la région, histoire de s’assurer une résidence et bien sûr une protection. En contrepartie d’une somme d’argent, certains Tychiotes n’hésitent pas à reconnaître leur paternité sur des enfants qui ne sont même pas les leurs. “Elles ont infesté notre ville. Leur rythme de vie ne cadre pas avec nos valeurs culturelles”, déplore Rachid, un enseignant très pondéré et surtout très respecté. Et parce qu’elles ne se sont particulièrement pas appréciées par la population, ces femmes sont accusées de tous les maux du monde. La propagation de la drogue et de la délinquance ? Elles. Les familles qui désertent la région ? C’est encore, elles. Les nouveaux modes comportementaux et vestimentaires adoptés par la jeunesse locale? Le fruit amer de leur influence négative. Et comme le sexe et l’alcool ont toujours fait bon ménage, Tichy a vu les établissements où l’on consomme de l’alcool pousser comme des champignons. Elle compte une quinzaine de bars et une autre quinzaine de débits de boissons sans parler des 8 discothèques.
Mais ce qui touche le plus les habitants de Tichy est que leur ville soit perçue comme symbole de la dépravation.
“Certains se laissent aller à des actes d’incivisme et quand tu essaies de rappeler quelqu’un à l’ordre, il te rétorque : on est à Tichy non. Une zone affranchie quoi”, s’offusque Rachid. “Nous avons honte de dire que nous sommes les habitants de Tichy. Je préfère perdre une saison que de perdre mon honneur. Je n’ai pas où aller sinon je l’aurais fait”, peste Mourad, un restaurateur qui assure : “On est un mouvement citoyen décidé à nettoyer Tichy et à restaurer notre dignité.” Rétablir l’honneur et la dignité de la région, voici donc la grande cause des révoltés de Tichy. Pour certains, cela passe inévitablement par le départ des prostituées. Mais la revendication ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 1993, la population locale n’a pas cessé d’interpeller les autorités sur le phénomène de la prostitution. “Par le passé, on fait une action de protestation, des rafles sont entreprises dans le milieu de la prostitution et dès que la pression populaire baisse, on relâche les prostituées et le phénomène repart de plus belle”, explique Fatseh, un diplômé en psychologie de Baccaro reconverti en agriculteur.

Actions citoyennes contre la prostitution

Mais à partir de mars dernier la donne a radicalement changé. Les habitants de trois villages ont décidé alors de se réunir au sein d’une coordination. Et ce n’est plus les feux de paille des années précédentes mais une protesta inscrite dans la durée que menait ce nouveau venu de la scène locale. Et, depuis trois ans, elle a à son actif toute une panoplie d’actions de protestation. Plusieurs sit-in ont été tenus devant le siège de l’APC et ceux du commissariat de police et de la gendarmerie. La RN9 a été coupée à plusieurs reprises.
Des marches sont organisées pour exiger le départ des intrus. Toutes les autorités, civiles et militaires, ont été saisies. En vain. La nuit du 5 mai un énième sit-in est organisé devant le commissariat de police. L’action de protestation ayant échappé au contrôle de ses initiateurs, de jeunes excités et vindicatifs ont décidé de faire des descentes punitives dans plusieurs établissements hôteliers (Club Aloui, le Syphax, le Golf, l’Albatros, La Grande terrasse, Saphyr bleu et Villa d’est). Mais l’établissement le plus endommagé est le Saphir bleu.
Son propriétaire, M.Kaabache, témoigne :  » 16 voitures, dont 13 appartenant à des clients, sont saccagées et 68 vitres cassées. Coût des dégâts : 400 millions de centimes. On a fait appel à un expert pour constater les dégâts et une plainte a été déposée contre 26 personnes ». De son point de vue,  » la solution est simple si les protestataires avaient privilégié la voie du dialogue. Oui, j’ai une douzaine d’entraineuses qui mangent et dorment ici. Mieux, elles sont déclarées et fichées par la police. Les hôtels n’y sont pour rien dans la propagation de la prostitution et le problème est ailleurs », explique-t-il.  » J’avais quelques projets mais maintenant je suis indécis « , confie cet ancien émigré revenu au bercail en 1993 pour investir l’argent amassé pendant son exil parisien de 46 ans.
Parti de rien pour bâtir un petit empire, Hocine Mercel, le propriétaire de ‘’ Villa d’est’’ et enfant de Tichy, ne veut pas trop remuer le couteau dans la plaie même si son établissement a été pris pour cible.  » On m’a cassé quelques vitres sans plus. Ils ont tenté de s’introduire à l’intérieur et on s’est interposés », lâche-t-il. Prenant à témoin un de ses employés, il assure avoir pris la décision, bien avant les derniers événements, de fermer la discothèque ce mois d’août. Mais il compte inaugurer, à la mi-juillet, un nouvel hôtel de 36 chambres et 3 studios qu’il a baptisés ‘’Les Deux rochers’’.
« On m’a causé une perte de plus 50 millions de centimes. C’est une catastrophe. On est à la mi-juin et pas un seul estivant. Les clients ont peur « , déplore le gérant d’une autre discothèque.  » J’ai 40 ans et je n’ai jamais vu de prostitution dans la rue. C’est du sabotage. Il y a des jeunes de 15-16 ans qui ont été payés . On a peur et l’Etat doit faire son travail sinon on sera dans l’obligation de nous défendre », ajoute-t-il.

Le laxisme de la police est désigné du doigt

Il faut dire que l’attitude des agents de l’Etat, les policiers en tête, a mécontenté les deux camps.
Les animateurs de la Coordination ne comprennent pas le peu d’empressement mis par les policiers pour s’attaquer aux milieux de la prostitution.  » On leur a donné la carte de tous les lieux de débauche. Ils sont toujours en activité. Il a fallu qu’on décide d’organiser un sit-in pour jeudi 9 juin pour que les policiers fassent, la veille, une rafle « , déplore une figure de proue de la Coordination. Les protestataires assurent que depuis deux décennies ils n’ont pas cessé de saisir toutes les autorités, civiles et militaires, de la wilaya pour mettre fin à ce phénomène qui, aujourd’hui encore, il est toujours là.  » Comment se fait-il que dans un village reculé les policiers savent ce que fait un clandestin et, dans la ville de Tichy, ils ignorent tout du phénomène de la prostitution ? « , s’interroge Boubekeur.  » Il y a de la complicité et du laxisme chez les autorités. Elles ferment les yeux sur ce qui se passe dans notre ville car il y a à boire et à manger « , explique Rachid. Des jeunes n’hésitent pas à accuser les policiers d’être  » complices avec les propriétaires des discothèques  » et de  » toucher des enveloppes « . Il se dit aussi que, la nuit du 5 mai, les policiers ont conseillé aux protestataires d’aller régler le problème eux-mêmes. Accusations gratuites ? Approché pour avoir sa version des faits, le commissaire nous renvoie à la cellule de communication de la sureté de wilaya. Le souhait des membres de la coordination est que le général Hamel fasse une tournée à Béjaîa comme il l’a fait à Tizi-Ouzou. Pour leur part, les propriétaires des discothèques ne s’expliquaient pas la passivité de la police la nuit du 5 mai. Certains d’entre eux assurent avoir appelé la police mais  » elle a refusé d’intervenir  » au motif qu’  » elle a reçu l’ordre de ne pas toucher à la population « .  » Comme si nous ne faisons pas partie de cette population « , maugrée l’un d’entre eux avant d’ajouter :  » Avec ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, ils ont certainement peur de la contagion « .

Divergences sur le départ des prostituées et désapprobation de la violence

À se fier à certaines indiscrétions, la revendication du départ des prostituées ne semble pas faire l’unanimité à Tichy. Selon un membre de la coordination, l’opinion locale est partagée en deux tendances : La première est représentée par des “radicaux” qui exigent le départ immédiat et définitif de toutes les prostituées de la ville. La seconde est constituée par des “modérés” qui veulent en finir seulement avec la prostitution illégale et la présence des prostituées dans les rues de la ville.
Cette divergence est confirmée par un propriétaire d’agence immobilière qui se défend de travailler avec ces femmes et dit militer pacifiquement pour leur départ. Certaines mauvaises langues susurrent que ce sont “ceux qui se sont marié avec les prostituées qui poussent vers cette solution radicale pour pouvoir se débarrasser de leurs compagnes d’infortune”. Vrai ou faux ? Une chose est sûre : le mécontentement populaire face à la propagation inquiétante du phénomène est bien réel.
Autre chose qui ne fait pas l’unanimité au sein de la population : le recours à la casse. Beaucoup désapprouvent les dérapages de la nuit du 5 mai à commencer par les animateurs de la Coordination qui, pour éviter d’autres violences, ont décidé de décaler l’horaire de la tenue des sit-in. “Les événements de la nuit du 5 mai ne sont pas prémédités. La Coordination a été débordée par un groupe de jeunes. La cause des protestataires est juste mais on est contre la casse”, assure un employé d’agence immobilière avant d’ajouter : “Cela fait 20 ans que le phénomène existe. Certains veulent le régler immédiatement. Ce ne sera pas facile de le faire en une semaine ou un mois. Il faut laisser le temps au temps”. “La violence n’a jamais été une solution. On est contre la casse. On ne peut pas faire disparaître une activité exercée depuis 40 ans. Il faut y aller doucement”, ajoute un commerçant.

L’activité commerciale touchée, la saison touristique non compromise

Il faut dire que les derniers événements ont eu des répercussions négatives sur l’activité commerciale qui, par le passé à cette période, battait son plein. Les propriétaires des hôtels Grande terrasse, Saphir Bleu et Villa d’Este déplorent la fuite des clients. “La bonne clientèle est partie. Elle a peur. On m’appelle de partout et même de France pour savoir si les choses se sont tassées. Mais c’est le restaurant qui est le plus touché. Pendant toute la journée du 11 on n’a servi que 05 couverts. Certes, on ne travaille pas à perte, mais la marge bénéficiaire est nulle”. Envisage-t-il de recourir au licenciement ? “Pour le moment non. Mais par le passé, chaque été, on embauche 5 à 6 employés. Cette année on ne le fera pas”, répond-t-il avant de s’interroger : “Veulent-ils faire de Tichy une ville morte ?”.
Les plus touchés sont les petits commerçants. Un vendeur de poterie et un tenant d’une agence immobilière assurent que l’activité a baissé de 90%. “À cette période de l’année, nous enregistrons une soixantaine de réservations. Cette année, on n’a que six”, regrette un responsable d’agence immobilière. La saison est-elle alors compromise ? “Non, il n’y a aucun indice qui permet de le dire. C’est à partir du 15 juin qu’on commence à recevoir des réservations”, rectifie son collègue. Les membres de la Coordination refusent eux aussi d’entendre parler d’une saison touristique gâchée. “Ce sont les gens qui sont contre le mouvement qui font circuler ce genre de ragots. La saison estivale n’est pas du tout compromise et les estivants sont les bienvenus. Les familles ne se sentiront jamais en plus grande sécurité que cette année. Il y aura moins de délinquance et moins de consommation d’alcool dans les plages”, affirme Rachid. Même s’ils regrettent la tournure prise par l’action du 5 mai, nombre d’animateurs de la Coordination et de citoyens estiment qu’elle a aussi quelques résultats positifs. Les prostituées ne s’exhibent plus dans les ruelles de la ville et une grande partie d’entre elles s’est refugiée à Boulimat, à l’ouest de Béjaïa, le temps que la tempête passe. La voix de la population est plus écoutée.
Lors d’une réunion tenue à la mi-mai entres les autorités civiles et militaires, les élus, les propriétaires d’hôtels et les membres de la Coordination, les services de sécurité se sont engagés à prendre en charge le problème. Il semble qu’un renfort de 90 policiers ait été acheminé depuis vers Tichy. Et cet été, Tichy sera touché par le plan Delphine de la Gendarmerie alors qu’elle ne l’a jamais été par le passé.
La guerre contre la prostitution a-t-elle donc pris fin? “Nous avons décidé d’observer une pause pendant la saison estivale mais nous resterons vigilants. La deuxième mi-temps, ce sera pendant le mois de Ramadhan et nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout”, promet Rachid. Et un de ses amis d’avertir : “Si le problème n’est pas pris en charge, il risque d’y avoir d’autres dérapages”. La balle est plus que jamais dans le camp des autorités.


Par : Arab Chih, Liberté, 25 juin 2011



NON assistance a une personne en Danger

& négligence professionnelle !!!

Apres avoir subi des fractures au niveau du bras et des désagréments pneumologiques lors d’un accédant mortel  dans les alentours de la région de Bouira ; la victime A. Alloua est  évacué dans l’immédiat vers l’hôpital Mohamed Boudiaf de Bouira pour se soigner.

Une fois le patient est entré dans l’enceinte de l’Hôpital ; l’équipe médicale a recommandé son évacuation vers le CHU de Tizi Ouzou ou l’hôpital Mustapha.

Mais à notre grande surprise le patient a demeuré deux jours consécutifs sans être transféré au CHU de T.O ni à l’hôpital Mustapha et cela a cause d’un conflit et rejet de responsabilité entres services de l’hôpital ;

-Pour le service des urgences ; après avoir tenter l’évacuation de ce patient vers Alger ; la démarche a échoué suite a une panne de l’ambulance  à 5 km de la sortie de l’hôpital (impossibilité d’évacuation).

– Après 15 heurs de négociations et de retard le dossier médical est retenu par le SAMU  a qui revient la charge de transférer le patient.

Par ailleurs ; au lieu de rassurer la famille de patient, le chef de service du SAMU Dr Mehani s’est versée dans l’insulte et l’intimidation par des mots vulgaires voir intolérables  a l’encontre de cette famille en détresse.

Ensuite, Après avoir été évacuer sur Alger a 11h pour se soigner et dès le retour le patient est laissé seul au placard de l’ambulance, il endure seul sans aucune assistance dont le médecin et l’assistant avaient choisis délibérément de s’asseoir avec le chauffeur et ne pas assister le malade.

Toujours selon les témoignages de ce patient, une fois l’ambulance s’approchait aux portes de l’hôpital de Bouira le médecin de SAMU à quitter sa place au chauffeur pour rejoindre le patient ; une manière abominable et déguisée qui consiste a trompé les responsables de l’hôpital ; en donnant l’image  illusoire  comme quoi il a été a coté du patient depuis son départ.

En effet, nous dénonçons énergiquement ce comportement irresponsable et lâche des ces psudo-médecins ; pourtant payés pour être au service des patients.Un comportement loin de toute déontologie du métier qui n’honore ni le pays ni le citoyen et de plus forte raison la fonction noble de la médecine.

Nous exhortons solennellement les responsables de la santé ainsi que les autorités publics d’intervenir pour mettre un terme à cette négligence professionnelle, à cette anarchie qui dévore le service public de la santé.

  • Copie pour Mr le directeur de la santé de Bouira
  • Copie pour Mr le Directeur de l’hôpital de Bouira
  • Copie pour Mr le Wali de Bouira
  • Copie pour Mr le Ministre da la santé

Comité Citoyens  Bouira


Attaque cérébrale : consommer de l’huile d’olive pour réduire les risques

Info rédaction, publiée le 19 juin 2011

http://www.maxisciences.com

 

 

Illustration

Consommer de l’huile de l’olive réduit chez les personnes âgées de plus de 65 ans les risques d’attaque cérébrale. C’est ce que révèle une récente étude menée auprès de plus de 7.600 personnes en France.

Les personnes de plus 65 ans qui consomment régulièrement de l’huile d’olive ont moins de risques d’être victimes d’une attaque cérébrale que ceux qui n’en mangent pas. Telle est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’Institut National de la Santé et de la Recherche médicale (Inserm) de Bordeaux, et publiée le 15 juin dans la revue scientifique américaine Neurology.

Les chercheurs ont suivi pendant cinq ans quelque 7.625 personnes âgées de 65 ans et plus, toutes originaires de Bordeaux, Dijon et Montpellier. Les sujets ont été répartis en deux groupes : ceux qui consommaient régulièrement de l’huile d’olive, et ceux qui n’en utilisaient jamais. Au cours des cinq ans pendant lesquels a été conduite l’étude, 148 attaques cérébrales ont eu lieu parmi les participants. Les chercheurs de l’Inserm ont alors examiné les critères de poids, d’activité physique et de régime alimentaire des sujets, et c’est ainsi qu’ils ont découvert que le risque d’attaque cérébrale chez les consommateurs réguliers d’huile d’olive était 41% moins important que chez les personnes âgées qui n’en utilisent jamais.

« Notre étude tend à montrer qu’une nouvelle série de recommandations alimentaires devrait être publiée pour prévenir les attaques chez les personnes de 65 ans et plus. (…) Les attaques sont très répandues chez les personnes âgées. L’huile d’olive est une méthode peu coûteuse et simple pour aider à les prévenir« , estime Cécilia Samieri, l’un des auteurs principaux de cette recherche.

 


 

Vendredi 17 juin 2011, le roi Mohammed VI a adressé au peuple marocain un discours sur la réforme constitutionnelle. Yabiladi.com vous propose le texte  intégral du discours royal

« Louange à Dieu.

Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Cher peuple.

Je M’adresse à toi pour renouveler notre pacte par une nouvelle Constitution qui représente un tournant historique et déterminant dans le processus de parachèvement de la construction de l’Etat de droit et des institutions démocratiques. Il s’agit, en l’occurrence, de consacrer les principes et les mécanismes de bonne gouvernance, et de réunir les conditions d’une citoyenneté digne et d’une justice sociale équitable.

Ce processus, Nous l’avons entamé dès Notre accession au Trône, en parfaite communion avec toutes les forces vives de la Nation. Et c’est grâce à lui, du reste, que nous sommes parvenus, trois mois après le lancement du processus de révision constitutionnelle, à mettre au point une nouvelle charte constitutionnelle démocratique. Ce texte repose sur le cadre référentiel avancé de Notre Discours historique du 9 mars dernier qui a recueilli l’adhésion unanime de la nation. Il s’appuie également sur les propositions pertinentes avancées par les instances politiques, syndicales, associatives et de jeunesse, ainsi que sur le travail novateur accompli par la Commission consultative et l’action constructive menée par le Mécanisme politique, Commission et Mécanisme que Nous avons mis en place précisément à cette fin.

Nous tenons à rendre hommage à chacun pour sa contribution démocratique qui, grâce à cette approche participative, nous a permis d’aller, au-delà de la révision de la Constitution actuelle, vers la confection d’une nouvelle Constitution, laquelle se distingue par trois caractéristiques majeures, tant au niveau de la méthodologie de son élaboration, qu’aux plans de la forme et du contenu.

Concernant la méthodologie, Nous avons tenu à ce que, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, la Constitution soit faite par les Marocains, pour tous les Marocains.

Quant à la forme, son originalité tient au fait que le texte repose sur une nouvelle architecture agençant tous les chapitres de la Constitution, depuis le préambule qui en constitue une partie intégrante, jusqu’aux derniers articles, dont le total est passé de 108 à 180 articles.

S’agissant du contenu, il institue un modèle constitutionnel marocain original, reposant sur deux piliers complémentaires l’un de l’autre :

Le premier pilier traduit l’attachement aux constantes immuables de la Nation marocaine, dont Nous avons la charge d’assurer la pérennité et la continuité dans le cadre d’un Etat musulman où le Roi, Amir Al Mouminine, assure la protection de la foi et des fidèles, et le libre exercice des cultes.

Le projet consacre, par ailleurs, la position de notre pays en tant que partie intégrante du Grand Maghreb, ainsi que son engagement en faveur de la construction de l’Union Maghrébine qui en est issue. Il marque également l’adhésion de notre pays à la consolidation des relations de fraternité arabe et islamique et de solidarité africaine. Il illustre aussi notre attachement à oeuvrer pour l’élargissement et la diversification des relations de coopération et de partenariat avec son voisinage euro-méditerranéen et avec les différents pays du monde. Ce projet, c’est aussi l’expression de la volonté du Maroc d’être un Etat moderne, attaché aux chartes et conventions onusiennes, et agissant comme partie prenante et acteur à part entière au sein de la communauté internationale.

S’agissant du deuxième pilier, il traduit la volonté de conforter et de consacrer les attributs et les mécanismes qu’induit le caractère parlementaire du régime politique marocain. Celui-ci, en effet, repose, dans ses fondements, sur les principes de souveraineté de la Nation, la prééminence de la Constitution comme source de tous les pouvoirs, et la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. Tout cela s’inscrit dans un schéma constitutionnel efficient et rationnel, qui est foncièrement propre à garantir la séparation, l’indépendance et l’équilibre des pouvoirs, et qui a vocation à assurer la liberté et le respect de la dignité du citoyen.

A cet égard, la séparation des Pouvoirs et la clarification de leurs compétences respectives, apparaissent, entre autres indices saillants, à travers la décision de scinder l’article 19 de la Constitution actuelle, qui se décline désormais, en deux articles distincts :.

– Un article indépendant portant sur les attributions exclusives du Roi, Amir Al Mouminine, Président du Conseil Supérieur des Ouléma, lequel a été érigé en institution constitutionnelle.

– Un autre article définit le statut du Roi, en tant que Chef de l’Etat, son Représentant Suprême, Symbole de l’unité de la Nation, Garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat, de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume, Guide éclairé, et Arbitre Suprême qui, transcendant toute appartenance politique ou autre veille à la préservation des choix démocratiques de la Nation, et à la bonne marche de ses institutions constitutionnelles.

Le Roi exerce ses missions régaliennes de Garant et d’Arbitre, qui sont énoncées dans cet article, sur la base des dispositions d’autres articles, expressément stipulées dans la Constitution, étant entendu que la législation est du ressort exclusif du parlement.


Cher peuple,

Le projet officiel de Constitution va bien au-delà d’une loi suprême pour le Royaume. En fait, il constitue, à Nos yeux, le socle solide du modèle marocain original de démocratie et de développement. Mieux encore, il s’agit d’un nouveau pacte historique entre le Trône et le peuple. Cette particularité ressort clairement des dix axes majeurs ci-après:

Axe Premier : La consécration constitutionnelle de la Monarchie citoyenne et du Roi citoyen, et ce à travers:

– Une disposition stipulant l’inviolabilité de la personne du Roi et le respect qui Lui est dû en tant que Roi, Amir Al Mouminine et Chef de l’Etat.

– Un amendement portant l’âge de la majorité du Roi à 18 ans, au lieu de 16, à l’instar de tous Ses frères et soeurs marocains.

– Le transfert de la présidence du Conseil de Régence au Président de la Cour constitutionnelle, dans la mesure où celle-ci a vocation à veiller au respect de la Constitution, ce qui représente l’essence même des missions dévolues à ce Conseil. En outre, celui-ci comporte, dans sa composition, tous les Pouvoirs constitutionnels, et ce par l’adjonction de deux membres, en l’occurrence le Chef du gouvernement et le Président-délégué du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. La représentation des Ouléma s’y trouve également rehaussée, puisque le Secrétaire général du Conseil Supérieur des Ouléma, siège désormais au Conseil de Régence.

Axe II : La constitutionnalisation de l’Amazighe comme langue officielle du Royaume, au côté de la langue arabe :.

En effet, eu égard à la symbiose unissant les composantes de l’identité nationale unie, riche de la pluralité de ses affluents arabo-islamiques, amazigh, saharo-africain, andalou, hébraïque et méditerranéen, le projet de Constitution consacre l’Arabe comme langue officielle du Royaume. L’engagement de l’Etat à en assurer la protection et la promotion s’y trouve clairement affirmé.

Le projet prévoit aussi la constitutionnalisation de l’Amazigh comme langue officielle également. Il s’agit d’une initiative d’avant-garde, qui constitue le couronnement du processus de réhabilitation de l’Amazigh, comme patrimoine commun à tous les Marocains. Son officialisation effective devra s’inscrire dans un processus graduel, au moyen d’une loi organique, qui en définira les modalités d’intégration dans l’Enseignement et aux secteurs prioritaires dans la vie publique.

Parallèlement, le projet prévoit la promotion de toutes les expressions linguistiques et culturelles marocaines, en premier lieu, le Hassani comme culture authentique de nos chères provinces sahariennes.

Afin de concrétiser Notre volonté de favoriser la qualification de nos ressources humaines, en particulier les jeunes, de sorte qu’ils puissent s’insérer dans la société du savoir et la mondialisation, et qu’ils parviennent à maîtriser les sciences et la technologie, le projet de Constitution prévoit la nécessaire ouverture sur l’apprentissage et la maîtrise des langues internationales les plus utilisées, et ce, dans le cadre d’une stratégie cohérente permettant de raffermir et de cimenter l’unité nationale. Sa mise en Œuvre sera pilotée par un Conseil Supérieur ayant pour vocation de veiller à la promotion de la culture marocaine et des langues nationales et officielles, ainsi que la rationalisation et l’opérationnalisation de leurs institutions, y compris celle chargée du développement de la langue arabe.

Axe III : La constitutionnalisation de tous les droits de l’Homme tels qu’ils sont reconnus universellement, avec tous les mécanismes nécessaires pour assurer leur protection et garantir leur exercice. De ce fait, la Constitution marocaine sera une Constitution des droits de l’Homme, un véritable pacte des droits et des obligations de la citoyenneté.

Ont été constitutionnalisées à cet égard, la prééminence des conventions internationales telles que ratifiées par le Maroc, par rapport aux législations nationales, ainsi que l’égalité de l’homme et de la femme pour ce qui concerne les droits civils, et ce, dans le respect des dispositions de la Constitution ainsi que des lois inspirées de la religion musulmane. Sont consacrées, au même titre, l’égalité entre l’homme et la femme, dans tous les droits politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux, ainsi que la création d’un mécanisme de promotion de la parité entre l’homme et la femme.

Se trouvent également consacrés dans ce projet de Constitution tous les droits de l’Homme, notamment la présomption d’innocence, la garantie des conditions d’un procès équitable, la criminalisation de la torture, des disparitions forcées, de la détention arbitraire et de toutes les formes de discrimination et des pratiques humiliantes pour la dignité humaine, ainsi que la garantie de la liberté de la presse, d’expression et d’opinion, et le droit d’accès à l’information et de présentation de pétitions, conformément à des normes fixées par une loi organique.

Par ailleurs, les garanties constitutionnelles concernant les droits de la classe laborieuse, ainsi que la justice sociale et la solidarité nationale ont été consolidées. De même qu’a été consacrée la garantie de la libre entreprise, et de l’Etat de droit dans le domaine des affaires.

Axe IV : L’émergence démocratique du Pouvoir exécutif sous la conduite du Chef de Gouvernement :.

A cet égard, le statut constitutionnel du « Premier Ministre » sera élevé à celui de « Chef de Gouvernement ». Il en est de même de l’Exécutif qui sera désigné au sein du parti arrivé en tête des élections de la Chambre des Représentants, marquant ainsi l’émergence d’un gouvernement issu du suffrage universel direct.

Consacrant la responsabilité pleine et entière du Chef de Gouvernement vis-à-vis des membres de l’équipe gouvernementale, la Constitution lui confère la compétence de proposer ces membres, de mettre fin à leurs fonctions, de conduire et de coordonner l’action gouvernementale et de superviser l’administration publique. Ainsi, il a désormais compétence pour nommer, par décret, aux postes civils, conformément à une loi organique qui fixe la liste de ces postes et les critères d’accès aux fonctions publiques sur la base des principes de méritocratie, de transparence et d’égalité des chances pour tous les Marocains.

Le Roi, sur proposition du Chef de Gouvernement et à l’initiative des ministres concernés, exerce le pouvoir de nomination, en Conseil de Ministres, dans certaines hautes fonctions publiques, telles celles de wali, gouverneur, ambassadeur et des responsables des administrations de la sécurité intérieure et des institutions nationales stratégiques, étant entendu que la nomination à des postes militaires demeure de la compétence exclusive et régalienne du Roi, Chef Suprême, Chef d’Etat-major Général des Forces Armées Royales.

Le projet confère, en outre, au Chef de Gouvernement, le pouvoir de dissoudre la Chambre des Représentants et consacre le principe de sa consultation par le Roi, avant la déclaration de l’état d’exception et la dissolution du parlement. Il définit les normes régissant chaque cas, afin de garantir la séparation des pouvoirs, l’équilibre et la coopération entre eux.

Afin que le gouvernement puisse disposer d’une base constitutionnelle pour exercer ses responsabilités organisationnelles et exécutives, il est prévu de constitutionnaliser le Conseil de Gouvernement et de définir et clarifier ses compétences, en cohérence et en complémentarité avec le Conseil des Ministres et en toute distinction par rapport à celui-ci.

En effet, le Conseil des Ministres se tient sous la Présidence du Roi, à Son initiative, où à la demande du Chef du Gouvernement, qui participe à ses travaux, en présence des ministres uniquement. Le Roi peut déléguer la présidence d’un Conseil des Ministres au Chef du Gouvernement, sur la base d’un ordre du jour déterminé, et ce, afin de renforcer son pouvoir exécutif.

Quant au Conseil de Gouvernement, il se tient sous la présidence de son Chef, à son initiative, et dans une composition comprenant tous ses membres.

S’agissant des attributions de ces deux organes, elles se distinguent notamment par le fait que le Conseil de Gouvernement dispose de larges compétences exécutives et décisionnelles qui lui sont propres et d’autres, délibératives, qui font que certaines questions sont renvoyées devant le Conseil des Ministres pour statuer, dans le cadre des compétences stratégiques, d’arbitrage et d’orientation, qui lui sont réservées, notamment pour ce qui concerne la nécessité de préserver les équilibres macro-économiques et financiers, devenue désormais une règle constitutionnelle.

Axe V : Instauration d’un Pouvoir parlementaire exerçant des compétences substantielles en matière de législation et de contrôle.

En effet, le projet de Constitution consacre la prééminence du statut de la Chambre des Représentants, en lui conférant le pouvoir de statuer sur l’adoption des textes législatifs. Il renforce également ses attributions en matière de contrôle du gouvernement, notamment en consacrant la responsabilité exclusive du gouvernement devant lui.

De même, le pouvoir de législation et d’édiction de toutes les lois est désormais du ressort exclusif du parlement. Elargis également, les domaines de la loi passent de 30, actuellement, à plus de 60 domaines dans la Constitution proposée.

Dans le souci de moraliser l’action parlementaire, le projet prévoit la constitutionnalisation de l’interdiction de la transhumance parlementaire. Il limite l’immunité parlementaire pour qu’elle ne porte que sur l’expression d’opinion, écartant ainsi les délits et crimes de droit commun. De même qu’il est prévu de supprimer la Haute Cour, réservée aux ministres, consacrant ainsi l’égalité de ceux-ci avec les citoyens face à la loi et à la justice.

Quant à la deuxième Chambre, la Constitution proposée prévoit, dans un souci de rationalisation de sa composition, qu’elle comprend de 90 à 120 membres.

A cet égard, et en réponse à la requête qui Nous a été soumise par les centrales syndicales, avec l’appui des partis politiques, au sujet de la représentation des syndicats au sein de la deuxième Chambre, Nous avons décidé, dans le cadre de Nos missions d’arbitrage, d’inscrire dans le projet une représentation appropriée pour les syndicats, ainsi que pour les organisations professionnelles et les instances représentatives des entreprises nationales. C’est une décision qui procède de l’essence même du régime monarchique marocain, de sa vocation sociale et de Notre doctrine du pouvoir en vertu de laquelle, Nous inscrivons la promotion de la situation sociale de nos citoyens au cŒur de Nos préoccupations, tant au niveau politique, que sur le terrain.

Pour ce qui concerne nos citoyens résidant à l’étranger, ils disposeront d’une représentation parlementaire dès que la formule démocratique y afférente aura muri, étant entendu qu’ils jouissent du droit de voter et de se porter candidat dans les deux Chambres du parlement.


Axe VI
: Octroi à l’opposition d’un statut spécial et de mécanismes efficients: le but est de renforcer son rôle et conforter son statut pour qu’elle puisse enrichir l’action parlementaire en matière législative et de contrôle. Elle disposera, désormais, du droit de représentation proportionnelle dans tous les organes du parlement.

Dans le même ordre d’idées, le projet dispose, en outre, que le Chef du Gouvernement présente un exposé d’étape sur l’action gouvernementale et qu’il réponde aux questions relatives à la politique générale. Il prévoit également la réduction du quorum requis pour l’introduction d’une motion de censure, ainsi que pour la formation de commissions d’enquêtes et le renvoi des projets de loi devant le Conseil Constitutionnel. De même qu’il stipule que les commissions parlementaires ont compétence pour interpeller les responsables des administrations et des entreprises publiques.

Axe VII : Consécration d’un Pouvoir judiciaire indépendant vis-à-vis des Pouvoirs exécutif et législatif, ce qui conforte l’indépendance de la justice dont Nous sommes le Garant.

En effet, il est expressément stipulé dans le nouveau projet de Constitution que si le jugement est bel et bien prononcé au nom du Roi, il n’en reste pas moins qu’il doit être fondé sur la loi. Ainsi, et pour préserver l’inviolabilité de la justice, il a été prévu la pénalisation constitutionnelle de toute ingérence de l’autorité, de l’argent ou de tout autre forme de pression, dans les affaires de justice.

De même, le projet prévoit la création du « Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire », qu’il érige en institution constitutionnelle présidée par le Roi. Cette institution qui remplace le Conseil Supérieur de la Magistrature bénéficie de l’autonomie administrative et financière. En plus, et pour mieux marquer la séparation des pouvoirs, le projet confie au président de la Cour de cassation, les fonctions de président-délégué qui sont assurées actuellement par le ministre de la justice.

Parallèlement, la composition du nouveau Conseil a été renforcée en augmentant le nombre des magistrats élus, et la proportion de représentation de la femme juge, ceci outre les dispositions envisagées pour garantir une ouverture du Conseil permettant d’y faire siéger des personnalités et des institutions ayant un rapport avec les droits de l’Homme et la défense de l’indépendance de la justice.

Au même titre, le Conseil dispose de compétences élargies couvrant désormais, outre la carrière professionnelle des magistrats, les missions d’inspection et celles lui permettant de donner son avis sur les textes législatifs et réglementaires concernant la justice et l’évaluation du système judiciaire.

En confirmation de la primauté de la Constitution et de la loi, le Conseil constitutionnel a été érigé en « Cour Constitutionnelle ». Celle-ci dispose de larges compétences comprenant, outre les prérogatives de l’actuel Conseil, le contrôle constitutionnel des conventions internationales, et le pouvoir de trancher les litiges entre l’Etat et les Régions. En outre, et afin de renforcer la démocratie citoyenne, la Cour constitutionnelle aura désormais compétence pour se prononcer sur les recours des justiciables invoquant l’inconstitutionnalité d’une loi dont la justice estime qu’elle pourrait porter atteinte aux droits et libertés constitutionnels.


Axe VIII
: Constitutionnalisation de certaines institutions fondamentales, en maintenant la possibilité de créer par des textes législatifs ou réglementaires d’autres instances et mécanismes, susceptibles de renforcer la citoyenneté et la participation démocratique.

Ainsi, ont été constitutionnalisés de nombreux Conseils et institutions, tels que l’Institution « Al-Wassit » (Médiateur), le Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger et la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle. De même que le Conseil Economique et Social a vu ses compétences élargies pour englober les questions environnementales, alors que le Conseil de l’Education dispose désormais de prérogatives qui couvrent également la formation et la recherche scientifique.

Le projet prévoit, en outre, la constitutionnalisation du Conseil National des Droits de l’Homme, ainsi que le renforcement du statut constitutionnel des partis politiques, des organisations syndicales, professionnelles, et de la société civile, en consacrant à chacune de ces structures plusieurs articles dans la Constitution.

Par ailleurs, et afin que les jeunes puissent disposer d’un espace institutionnel d’expression et de discussion, Nous avons tenu à créer un Conseil de la jeunesse et de l’action associative, formant une force de proposition. L’objectif recherché est de leur permettre de contribuer, dans un esprit de démocratie et de citoyenneté, à l’édification du Maroc de l’unité, de la dignité et de la justice sociale.

Axe IX : Renforcement des mécanismes de bonne gouvernance, de moralisation de la vie publique et de lutte contre la corruption, par la mise en place, à cet effet, d’un système institutionnel cohérent et harmonieux.

Il est prévu, à cet égard, de renforcer le rôle de la Cour des Comptes et des Cours Régionales des Comptes, dans le contrôle des finances publiques, l’ancrage des principes de transparence, de responsabilité, de reddition des comptes et de non-impunité. Le projet prévoit également la constitutionnalisation du Conseil de la Concurrence et de l’Instance nationale de la probité et de lutte contre la corruption.

Dans la mesure où la sécurité, dans son acception stratégique, est devenue désormais un défi mondial, Nous avons tenu à doter notre pays d’un mécanisme institutionnel consultatif, sous la forme d’un Conseil Supérieur de Sécurité, que Nous présidons et dont Nous pouvons déléguer la présidence d’une réunion au Chef de Gouvernement, selon un ordre du jour déterminé.

Le Conseil compte parmi ses membres les Chefs des Pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, les ministres, les responsables et les personnalités concernées.

Le Conseil est compétent pour gérer les questions sécuritaires stratégiques internes et externes, structurelles et imprévues. Il constitue une force d’évaluation et de proposition dédiée à la consolidation de la bonne gouvernance sécuritaire dans notre pays.


Cher peuple,.

Notre vision globale et intégrée de la démocratie authentique et des attributs de bonne gouvernance ne se limite pas à une simple redistribution des pouvoirs centraux. Elle repose, plutôt, sur la répartition des pouvoirs et des ressources entre le centre et les régions, et ce, dans le cadre d’une régionalisation avancée que Nous considérons comme la pierre angulaire de toute réforme profonde et de toute modernisation des structures de l’Etat.

C’est dans cette vision que s’insère le Dixième Axe qui consiste en la consécration constitutionnelle du Maroc uni des Régions, un Maroc fondé sur une décentralisation élargie, vouée à la démocratie et dédiée au développement humain, durable et intégré, dans le cadre de l’unité de l’Etat et de la Nation, et de l’intégrité territoriale et dans le respect des principes d’équilibre et de solidarité nationale et régionale.

Pour mettre en relief cette option stratégique dans le projet de Constitution, tout un chapitre de la Constitution est consacré aux collectivités territoriales et à la régionalisation avancée, sur la base du cadre référentiel que Nous avons annoncé dans Notre Discours historique du 9 mars, étant entendu qu’une loi organique fixera les compétences de l’Etat et des Régions, ainsi que les ressources, les mécanismes et l’organisation de la régionalisation.

Cher peuple,

Toute Constitution, quel qu’en soit le degré de perfection, ne saurait constituer une fin en soi. Elle est plutôt un moyen d’instaurer des institutions démocratiques. Celles-ci nécessitent des réformes et une mise à niveau politique qu’il appartient à toutes les parties prenantes de mettre en Œuvre afin de concrétiser notre ambition collective visant à réaliser les objectifs de développement et à assurer aux citoyens les moyens et les conditions d’une vie digne.

Ton Premier Serviteur remplira son devoir national en votant OUI pour le projet de nouvelle Constitution, soumis au référendum populaire. Je dirai OUI parce que Je suis profondément convaincu que ce projet de Constitution nouvelle intègre en son sein toutes les institutions et l’ensemble des principes présidant à la démocratie, au développement et aux mécanismes de bonne gouvernance. Je dirai d’autant plus volontiers que ce projet préserve la dignité et les droits de tous les Marocains, dans le respect de l’égalité et de la primauté de la loi.

Je dirai donc OUI à ce projet, car Je suis convaincu que, de par son essence démocratique, il donnera une forte impulsion à la recherche d’une solution définitive pour la juste cause de la marocanité de notre Sahara, sur la base de notre Initiative d’autonomie. Ce projet confortera, de surcroît, la position d’avant-garde qu’occupe le Maroc dans son environnement régional, en tant qu’Etat qui se distingue par son parcours démocratique, unificateur et original.

Que les partis politiques, les centrales syndicales, et les Organisations de la société civile qui ont participé en toute liberté et avec un total dévouement à la confection de ce pacte constitutionnel avancé, du début du processus jusqu’à son terme, s’attellent ensemble à la mobilisation du peuple marocain, non seulement pour qu’il vote en faveur du projet, mais pour qu’il le mette également en pratique. Car il constitue le meilleur moyen de réaliser les ambitions légitimes qui habitent nos jeunes, conscients et responsables, voire tous les Marocains qui ont à coeur de consolider la construction du Maroc de la quiétude, de l’unité, de la stabilité, de la démocratie, du développement, de la prospérité, de la justice, de la dignité, de la primauté de la loi et de l’Etat des institutions.

Tu Me trouveras, peuple fidèle, en première ligne, parmi ceux qui s’investissent dans la mise en oeuvre optimale de ce projet constitutionnel avancé. C’est un projet qui est appelé, une fois entériné, par la grâce de Dieu, lors du référendum populaire du 1er juillet prochain, à consolider les piliers d’une Monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale.

« Dis : « Voici ma voie, j’appelle les gens (à la religion) d’Allah, moi et ceux qui me suivent ».

Véridique est la parole de Dieu.

Wassalamoualaïkoum Wa Rahmatoullahi Wa barakatouh ».


Les Algériennes se marient davantage

El Watan, 20 mai 2011

Les Algériennes se marient de plus en plus et enfantent autant. C’est le constat qui ressort des données chiffrées établies par l’Office national des statistiques (ONS).

L’année 2010 est marquée par une augmentation importante du nombre de naissances vivantes, selon le document. Statistiquement, il y a eu 345 000 mariages en 2010 contre 341 321 en 2009. L’effectif des mariages s’est accru de 1% entre 2009 et 2010 avec un pic enregistré en juin et juillet où il y a eu quelque 43 000 mariages. Les chiffres montrent que la population féminine en âge de procréer (15-49 ans) est estimée à 10,2 millions de femmes. Durant la même période, c’est le pic des naissances qui a été enregistré. Sur un total de 887 810 naissances vivantes, plus de 247 000 ont été enregistrées entre juin et août.

Un chiffre record, dans la mesure où jamais le nombre de naissances n’a été aussi important, à l’exception de l’année 1985 où il y en a eu quelque 864 000 ! Comparativement à 2009, le nombre de naissances vivantes a connu une augmentation de près de 39 000, ce qui représente un accroissement relatif de 4,6%. Ainsi, le taux brut de natalité passe de 24,07 à 24,68% entre 2009 et 2010. Les indicateurs montrent qu’actuellement, nous sommes à 2,87 enfants par femme contre 2,81 en 2008. Et l’Algérie enregistre de moins en moins de mortalité infantile. Le taux est passé de 24,8 à 23,7%. En revanche, l’âge moyen de l’accouchement connaît une légère baisse. En première position, vient la catégorie d’âge 30-34 ans où on enregistre 150,8 de taux de fécondité, suivie par la tranche d’âge de 25-29 ans, avec 146,0 et enfin 35-39 ans avec seulement 123,9.
Nassima Oulebsir


Appel pour une transition démocratique en Algérie
10 Février 2011 Par ahmed.dahmani

Appel pour une transition démocratique en Algérie.

L’Algérie vit un moment dramatique de son histoire, potentiellement aussi explosif que celui qui affecte d’autres pays de la région, du fait des blessures encore ouvertes des deux dernières décennies, des politiques économiques incohérentes et des politiques sociales injustes. Les blocages du système politique autoritaire sont tels que l’émeute apparaît comme l’unique recours à une grande partie de la population qui subit le déni des droits et la hogra des détenteurs du pouvoir. De plus en plus de voix s’élèvent aujourd’hui pour revendiquer un changement radical du système politique autoritaire et corrompu qui préside aux destinées de l’Algérie depuis son indépendance.
La dernière initiative en date, une marche nationale pacifique le 12 février prochain, émanant d’une « coordination nationale pour le changement démocratique » vient de se voir signifier une interdiction en violation des droits et libertés garantis par la Constitution. Un pouvoir, déconnecté de son peuple et sourd aux aspirations des populations, semble décidé à employer tous les moyens répressifs pour empêcher toutes expressions et manifestations populaires et notamment celles de la jeunesse dépossédée de son présent et de son avenir. Ira-t-il jusqu’à l’irréparable comme ce fut le cas en octobre 1988 et avril 2001 ? L’Algérie et les Algériens, non encore remis d’une guerre civile qui a causé des centaines de milliers de morts, des milliers de disparus, des blessures physiques et psychologiques profondes doivent pouvoir retrouver la paix, jouir de conditions d’existence décentes.

Nous appelons tous les patriotes où qu’ils soient pour agir et peser de tout leur poids afin d’en finir avec la répression et d’engager l’Algérie dans une véritable transition démocratique. Cette transition démocratique veillera à la mise en place des institutions nécessaires à l’établissement et au fonctionnement de l’Etat de droit et définira les politiques pour la réalisation d’une société plus juste, plus égalitaire et plus solidaire. Le contexte exige que s’engage un véritable débat national qui associera toutes les sensibilités politiques et culturelles pour une refondation de la République algérienne. Cette refondation, tout en tenant compte des sacrifices et de l’héritage de la lutte de libération nationale, ouvrira la voie au respect effectif des droits et des libertés garantis par les différents pactes internationaux que l’Algérie a ratifiés.

Paris le 9 février 2011

Mohammed Harbi (Professeur d’histoire) ; Madjid Benchikh (Professeur de droit) ; Aïssa Kadri (Professeur de sociologie) ; Ahmed Dahmani (Maître de conférences en économie)

Merci de nous aider à faire connaitre notre appel pour une transition démocratique en Algérie.


Cosmopolis, Maghreb : Regards sur… Paroles de…

Le Maghreb et ses femmes : liberté, religion et rêve-olution

Rencontre avec Wassyla Tamzali

Fervente défenseure des droits des femmes et algérienne de surcroît, Wassyla Tamzali est l’invitée rêvée pour une soirée conférence-débat sur le thème des femmes au Maghreb. Organisée dans le cadre de Maghreb Regards sur… Paroles de…, du 7 avril au 7 mai 2011, à Nantes, la rencontre a donné lieu à un vif échange sur la place des femmes dans le monde arabe, le rapport à la religion, à l’Islam et l’importance des révolutions arabes dans leur reconnaissance.
Ancienne avocate, journaliste, écrivaine, directrice des droits des femmes à l’Unesco, figure éminente du féminisme mais algérienne avant tout… Wassyla Tamzali est tout à la fois. « Je suis le fruit d’un métissage et quand on parle de mixité, je me sens concernée », lance-t-elle, en guise d’introduction. Face à elle, un public essentiellement féminin. Le sujet s’y prête : « Dignité et unité des mouvements des femmes au Maghreb ». Certaines sont d’origines maghrébines, algériennes, berbères ou tunisiennes… « Mais toutes différentes ». Le débat se veut large, abordant aussi bien la condition des femmes au Maghreb que la question du port du voile, de la religion, du rapport homme/femme sans oublier l’actualité, brûlante, de ces derniers mois.
Le féminisme, elle y tient
Militante des droits des femmes, au sein même de l’Unesco pendant 20 ans, Wassyla Tamzali tient à ce combat. Pour elle, les femmes sont le paramètre clé qui établit la relation entre les deux rives de la Méditerranée, nord et sud. « Quand on parle d’Islam, on ne parle que de la question des femmes ». Une hiérarchie sexuelle qui prend forme au sein même de la cellule familiale et de la société. « Les hommes dominent les femmes et on observe une forme d’adoration vis-à-vis de ces derniers ». Une voix s’élève dans la salle. Le Maghreb n’est pas une exception sur ce point, précise une femme. Des rires fusent dans la salle. Mais Wassyla Tamzali ne perd pas le fil de sa pensée. « Il ne faut pas oublier la notion d’égal car, même aujourd’hui, ça ne passe toujours pas d’être l’égal de ses frères, de son mari… » Même chez nous…

Car la France n’est pas épargnée. La Une de Libération du 2 avril dernier titrait alors « Le retour des 343 salopes ». Quarante ans après le premier manifeste (1971 dans le Nouvel Obs) sur le droit à l’avortement, un nouveau Manifeste des 343 voit le jour. Nous sommes en 2011 et l’égalité des sexes n’est toujours pas acquise, aussi bien dans les têtes que dans les faits. « En Italie, on scande, encore aujourd’hui, « ni mère, ni putain » dans les manifestations féministes », souligne Wassyla Tamzali. La route est longue et pourtant, de grandes avancées ont été faites, au niveau des institutions. « Le droit européen est un modèle, un exemple pour les droits des femmes mais, même avec ça, cela ne fonctionne pas à voir la pyramide des salaires dans nos sociétés… »
Le plus dur, aujourd’hui, est de passer de la libération à la liberté
Révolutions arabes : l’histoire en marche
L’actualité se mêle très vite au débat. Comme une évidence pour cette algérienne, qui jette un regard personnel sur ces événements. « C’est l’Histoire qui se remet en marche ». Tous sont des pays décolonisés qui ont connu des mouvements de violence, notamment en Algérie, pour la libération du territoire. Et aujourd’hui, on assiste à une lutte pour la liberté. « Dans ces pays arabes, pendant cinquante ans, on a observé des opérations forcenées, de la part des régimes autoritaires, pour arrêter l’Histoire, pour empêcher toute forme d’expression et de liberté et le plus dur, aujourd’hui, est de passer de la libération à la liberté ».
Et quand on l’interroge sur la situation en Algérie, ce n’est qu’une question de temps pour elle. « Nous ne sommes pas face à un phénomène domino, à savoir quel pays est le suivant sur la liste, mais plutôt face à un effet tâche d’huile, qui se propage inévitablement ». Et le contexte algérien diffère, de part son histoire. « Ce qui arrive en Égypte est arrivé en 1988 en Algérie, avec vingt ans d’avance »
Pourquoi, en 1789, y-a-t-il eu révolution en France et non en Italie, par exemple ? C’est une alchimie magique qui fonctionne, à un moment précis, sans que l’on sache pourquoi
Mais où sont les femmes dans ces révolutions ? « Il est vrai, qu’instinctivement, on les cherche dans les manifestations. Sont-elles voilées ? Il y a beaucoup d’interrogations sur ce qui va advenir », interroge Wassyla Tamzali. Se dirige-t-on vers une possible évolution ou régression de la condition des femmes ? Un glissement sensible à surveiller de près. Ce rendez-vous avec l’Histoire amuse, dans un sens, Wassyla Tamzali : « Pourquoi, en 1789, y-a-t-il eu révolution en France et non en Italie, par exemple ? C’est une alchimie magique qui fonctionne, à un moment précis, sans que l’on sache pourquoi ». Et l’année 2011 sera celle du Maghreb, de ces anciennes colonies, trop longtemps bridées par des monarques-dictateurs, et qui se soulèvent par la seule force du peuple. « On peut parler de réelle révolution car on entend, pour la première fois, des revendications libertaires, avec en tête une nouvelle génération, très éduquée et qui est en train de faire exploser ces cadres figés depuis 50 ans. C’est dans ce mouvement que les femmes pourront s’exprimer et construire un certain féminisme. Il faut que, dans ces pays, on accepte la liberté de conscience, la liberté de croire ou non ». Un lourd verrou à faire sauter.
Islam et liberté de conscience
Libertaire : ce qui prône une liberté absolue et rejette toute autorité alors en place. « Un terme encore étranger pour ces pays, souligne Wassyla Tamzali, et dans ce sens, ces revendications sont vécues comme une menace, un danger ».

Avec ces révolutions arabes, l’euphorie a d’abord gagné la majorité, les occidentaux en tête, mais très vite, « certaines images ont fait peur, comme ces milliers d’hommes, dans la rue, en train de prier ». La peur de cet islamisme radical qui prendrait le pouvoir dans ces sociétés, à peine libérée. Pendant des années, des dictateurs, tels que Moubarak ou Ben Ali, ont été tolérés – voire soutenus – par les pouvoirs occidentaux, soit-disant remparts contre la montée de l’islamisme et du terrorisme. Pour Wassyla Tamzali, « on ne peut pas dissocier islamisme et pouvoir en place, il y a collusion et on a clairement laissé la rue aux islamistes ».
Le voile, en soi, ne me dérange pas, mais ce sont les discours tenus à ce sujet qui me dérangent et peuvent être dangereux
La conséquence ? Le contrôle de la conscience par la religion. « Comme l’opium du peuple, pour reprendre Karl Marx, la religion est alors un moyen de contrôle social total. On sacralise la condition des femmes, en disant que Dieu ne cautionnerait pas tel comportement », s’alarme Wassyla Tamzali. Et de rappeler, qu’il y a quelques années, le port du voile était justifié pour des raisons sociales, alors qu’aujourd’hui, la justification religieuse a pris le dessus. « Certains modèles deviennent alors des règles de conduite dangereuses comme le fait de porter le voile. Une femme non voilée est une femme « nue » selon une expression arabe. Pour ces femmes, c’est un choix libre d’être voilées mais cela ne les conduit pas vers la liberté », souligne-t-elle, parlant de dérive comportementaliste.
Un spectateur interpelle alors l’invitée sur la notion de féminisme islamique, en opposition avec le féminisme dit « occidental ». « Une usurpation, s’insurge Wassyla Tamzali, on ne peut pas construire les bases d’un certain féminisme sur le religieux ». En l’occurrence, sur la lecture qu’en fait le Coran. Et le danger, selon elle, relève essentiellement de la diffusion de ces idées par les médias, spécialistes ou universitaires. « Le voile, en soi, ne me dérange pas, mais ce sont les discours tenus à ce sujet qui me dérangent et peuvent être dangereux ».
Féministe militante, Wassaly Tamzali est bien consciente que son combat est loin d’aboutir. Beaucoup reste à accomplir, dans de nombreux pays. Et face à ce constat, elle s’avoue parfois déprimée, en colère, pour reprendre le titre de son dernier livre. « La femme du XXIe siècle ? Malheureusement, c’est une femme qui se bat encore pour se faire reconnaître en tant que femme ».

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